maladie neurodégénérative

Alzheimer : est-ce que les boutons de fièvre augmentent le risque ?

Le virus herpès simplex de type 1, ou HSV-1, responsable des boutons de fièvre pourrait jouer un rôle dans le développement de la maladie d'Alzheimer, selon une nouvelle étude.

  • 22 Mai 2025
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    S'il reste des points de mystère sur la maladie d’Alzheimer, on sait que l’âge, la génétique et certains troubles cardiovasculaires (diabète, hypertension, hypercholestérolémie…) sont ses principaux facteurs de risque. Mais, une nouvelle étude avance qu’on devrait aussi se méfier du virus herpès simplex de type 1 (HSV-1), responsable des boutons de fièvre.

    Les chercheurs ont, en effet, découvert un lien entre l'infection à HSV-1 et un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer. Leurs travaux ont été publiés dans la revue BMJ Open, le 20 mai 2025.

    Alzheimer : un risque accru observé chez les porteurs du virus HSV-1

    Ce n’est pas la première fois que des écrits scientifiques évoquent un lien entre le virus de l’herpès et la maladie d'Alzheimer. Pour tenter de faire la lumière sur cette hypothèse, l’équipe a étudié les dossiers médicaux de plus de 340.000 adultes âgés de 50 ans et plus ayant été diagnostiqués avec la pathologie neurodégénérative entre 2006 et 2021. Chacun de ces patients a été “jumelé” avec un participant qui n’était pas touché par la maladie, mais qui présentait des caractéristiques (âge, sexe, niveau social, région géographique…) similaires afin de les comparer.

    Les scientifiques ont relevé que 1.507 malades touchés par la démence et 823 volontaires en bonne santé étaient porteurs du HSV-1. Ainsi, le groupe Alzheimer comptait 0,44 % de personnes ayant eu un diagnostic d’infection au virus de l'herpès. Le taux était de 0,24 % au sein du groupe témoin. Cela représente une hausse du risque de la maladie d'Alzheimer chez les personnes diagnostiquées avec le HSV-1 de 80 %. Les analyses ont également montré que les patients ayant pris un médicament antiherpétiques pour soigner leur infection, avaient 17 % moins de risque d'être touchés par la pathologie neurodégénérative que ceux n'ayant pas utilisé ces traitements.

    L’étude n’est pas parvenue à faire la lumière sur comment le HSV-1 pourrait augmenter le risque de démence. "Cependant, des études ont montré que les altérations inflammatoires dans le cerveau causées par l’infection par le HSV sont essentielles au développement de la maladie d’Alzheimer", indiquent les auteurs dans leur article. "Il a été rapporté que les peptides bêta-amyloïde (Aβ) se déposent en réponse à l'infection par le HSV et protègent les cellules hôtes en bloquant la fusion virale avec la membrane plasmique. Ce qui indique que le HSV-1 est un facteur de risque pour la maladie d'Alzheimer. De manière constante, l'Aβ présente des propriétés antimicrobiennes contre divers agents pathogènes, dont le HSV-1". Ils ont également remarqué que l’ADN du virus a été retrouvé dans les plaques amyloïdes, et que les personnes porteuses de l'allèle ApoE ε4 (le facteur de risque génétique d’Alzheimer), sont plus sensibles aux infections par le virus de l'herpès.

    Bouton de fièvre et Alzheimer : faut-il s’inquiéter ?

    Faut-il trembler pour votre santé cérébrale et cognitive, si un bouton de fièvre s’installe au coin de vos lèvres. La Pr Joyce Siette qui a fait le point sur cette étude dans un article de The Conversation, se veut rassurante. Elle explique qu’aussi bien cette nouvelle recherche que les précédentes “montrent des associations, et non la preuve que le HSV-1 provoque la maladie d'Alzheimer. Ces liens ne confirment pas que le virus initie ou entraîne la progression de la maladie.”

    Pour elle pas de doute, la grande majorité des 3,8 milliards de personnes de moins de 50 ans porteuses du HSV-1, ne développeront pas la maladie du seul fait du virus. "La maladie d'Alzheimer est une maladie complexe avec de multiples facteurs de risque, y compris l'âge, la génétique, la santé cardiaque, l'éducation, le mode de vie et les expositions environnementales. Les infections telles que le HSV-1 peuvent faire partie d'un puzzle plus large et interconnecté, mais il est très peu probable qu'elles soient la seule cause."

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    JDF