Santé mentale

Un lien confirmé entre dépression et douleur physique des années plus tard

Jusqu'à huit ans avant l’apparition de la douleur, les patients sont plus susceptibles de connaître une aggravation de leurs symptômes dépressifs.

  • Prostock-Studio/iStock
  • 22 Mai 2025
  • A A

    La douleur chronique est associée à un mauvais bien-être psychosocial. "L'évolution de la solitude, de l'isolement social et des symptômes dépressifs avant et après l'apparition de la douleur est incertaine", selon des chercheurs de l’University College London (Royaume-Uni). C’est pourquoi ces derniers ont réalisé une étude. Au cours de celle-ci, ils ont examiné les données d'enquête de 3.668 adultes de plus de 50 ans souffrant fréquemment de douleurs modérées à intenses.

    "La collecte de données a débuté en 2002 et a été répétée tous les deux ans jusqu'en 2019. La dernière vague a eu lieu en 2021/2023. Les résultats psychosociaux, notamment la solitude, l’isolement social, la dépression, ont été évalués à chaque étape." Ensuite, ces informations ont été comparées avec celles d'un groupe apparié du même nombre de personnes ne présentant pas de douleurs. Selon les résultats, publiés dans la revue eClinicalMedicine, les trois quarts des participants du groupe ayant des douleurs ont déclaré avoir mal au dos, au genou, à la hanche ou au pied. Parmi les autres, 1,9 % ont signalé des douleurs généralisées, 0,5 % des douleurs buccales ou dentaires, et 20,7 % des douleurs ailleurs.

    La solitude et la dépression s'aggravent 8 ans avant l'apparition de la douleur

    Les symptômes dépressifs s'aggravaient rapidement au cours des huit années précédant la douleur, atteignaient un pic à l'apparition de la douleur et restaient élevés les années suivantes. "Il est connu que la douleur et la dépression sont liées, chacune exacerbant l'autre. (…) Ces facteurs peuvent contribuer à la douleur par plusieurs mécanismes. En induisant du stress, ils peuvent augmenter l'inflammation, ce qui peut entraîner de la douleur. Ils peuvent également accroître la sensibilité à la douleur en modifiant les réponses immunitaires et en dérégulant notre système nerveux autonome, le réseau nerveux qui contrôle les processus inconscients tels que la réaction de fuite ou de combat."

    En revanche, dans le groupe sans douleur, les symptômes dépressifs étaient moins intenses, moins répandus et relativement constants. D’après les données, la forte augmentation des symptômes dépressifs chez les volontaires souffrant de douleur était plus importante chez les moins instruites et les moins aisées. "Ces personnes disposaient de moins de ressources pour soutenir leur santé mentale et la gestion de la douleur."

    Un soutien social pour diminuer les douleurs

    Les auteurs ont observé une tendance similaire pour la solitude. Dans le détail, elle augmentait à la fois avant et après la survenue de la douleur, mais restait faible et relativement constante dans le groupe sans douleur. Contrairement à la solitude, ils n'ont constaté que peu de différences en termes d'isolement social entre les groupes souffrant de douleur et ceux qui n'en souffrent pas. "La solitude est un sentiment subjectif de manque de liens sociaux, l'isolement social indique un manque objectif de contact avec les amis et la famille." Selon les scientifiques, la qualité des relations, plutôt que leur quantité ou le niveau d'interaction sociale, pourrait avoir un impact sur l'atténuation de la douleur.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF