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Réseaux sociaux : comment le scrolling nuit à la santé mentale des ados

Le facteur le plus anxiogène pour les adolescents ne serait pas tant le temps passé devant les écrans que le scrolling passif sur les réseaux sociaux, associé à l’ennui et à la frustration, selon une étude.

  • EvgeniyShkolenko / istock
  • 16 Mai 2025
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    A l’heure où les autorités françaises envisagent une interdiction du téléphone avant 11 ans et les réseaux sociaux avant 15, voire un possible référendum sur l’usage des écrans chez les enfants, une nouvelle étude menée au Canada tire la sonnette d'alarme sur ce sujet. Les chercheurs révèlent que le temps passé devant les écrans, en particulier le scrolling passif des contenus sur les réseaux sociaux, a un impact significatif sur la santé mentale des adolescents. Au programme : anxiété, dépression, agressivité et impulsivité.

    Un risque de troubles émotionnels quadruplé

    L'étude, publiée dans la revue Computers in Human Behavior, a suivi 580 adolescents de 12 à 17 ans pendant neuf mois. Résultat : 45 % des participants, sans antécédents de troubles mentaux, ont présenté une anxiété cliniquement significative. "C'est vraiment surprenant. Avant la pandémie de Covid-19, les taux d'anxiété chez les adolescents oscillaient entre 8 et 15 %. Aujourd'hui, on approche des 50 %", souligne Emma Duerden, professeure à l'université Western et autrice principale de l'étude, dans un communiqué.

    Dans le détail, un usage trop prolongé des écrans durant la semaine double le risque d'anxiété, et quadruple celui de troubles émotionnels ou comportementaux. Le comportement le plus néfaste ? Le scrolling passif, à savoir faire défiler des contenus sans interaction : pas de likes, de commentaires ou de publications. "On se fait aspirer, le temps disparaît. Cela alimente l'ennui, la frustration, la comparaison sociale destructrice, et peut mener à l'agressivité ou à une baisse de l'estime de soi", prévient Duerden.

    Des habitudes ancrées depuis le confinement

    Pendant les confinements successifs dus à la crise sanitaire, les adolescents se sont tournés vers les réseaux pour combler l'isolement et le manque d’expériences sociales. Mais ces comportements ont tendance à persister aujourd'hui. D’après l’étude, seuls 30 % des adolescents respectent la recommandation de deux heures d'écran par jour en semaine. Le week-end, ils ne sont plus que 14 %. "Dans nos précédentes études, certains passaient 15 heures par jour devant un écran, alerte la spécialiste. Ils se réveillent, allument leur téléphone et y restent toute la journée."

    Faut-il pour autant tout couper ? Pas forcément car, selon Emma Duerden, c'est moins la durée que l'usage qui compte. Créer du contenu, interagir avec ses pairs ou commenter, entraîne moins de troubles que le visionnage passif. "Encourager les jeunes à être actifs plutôt que spectateurs sur les réseaux sociaux pourrait faire toute la différence." La chercheuse plaide également pour plus d'activités à l'air libre et, comme le gouvernement français, pour une interdiction du téléphone à l'école.

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    JDF