Réchauffement climatique

Dengue et chikungunya : vers une implantation durable en Europe ?

Le réchauffement climatique favorise l’expansion du moustique tigre en Europe, augmentant le risque d’épidémies de dengue et de chikungunya, selon une nouvelle étude.

  • Soumyabrata Roy / istock
  • 15 Mai 2025
  • A A

    Jusqu'ici associées aux tropiques, la dengue et le chikungunya pourraient bien devenir des maladies endémiques en Europe. En cause ? Principalement le réchauffement climatique, qui favorise la propagation du moustique tigre, principal vecteur de ces virus. Alors qu’un premier cas de chikungunya, qui sévit à La Réunion depuis des mois, vient d’être recensé en métropole, dans le Tarn, une étude parue ce jeudi 15 mai dans la revue The Lancet Planetary Health tire la sonnette d'alarme.

    Le moustique tigre remonte vers le nord

    Selon cette recherche, l'expansion vers le nord de Aedes albopictus, aussi appelé moustique tigre asiatique, est directement liée à la hausse des températures. Plus il fait chaud, plus son cycle de développement se raccourcit, tandis que la vitesse de multiplication du virus dans l’insecte augmente, expliquent les auteurs.

    L'analyse, basée sur 35 ans de données climatiques, démographiques et entomologiques, montre que l'Europe n'est plus à l'abri. Depuis l'apparition du moustique en 1990 sur le continent, les premiers foyers autochtones ont mis plus de 25 ans à apparaître. Mais depuis 2010, la fréquence et l'ampleur des épidémies s'accélèrent.

    En 2024, 304 cas de dengue ont ainsi été répertoriés en Europe, soit plus que les 275 enregistrés au cours des quinze années précédentes. L'Italie, la Croatie, la France et l'Espagne ont détecté des foyers locaux. La quasi-totalité des cas (95%) ont été recensés entre juillet et septembre, avec une prédominance dans les zones urbaines ou semi-urbaines.

    Désormais, dans les zones où le moustique tigre s’est établi, il peut ne s’écouler qu’une année entre deux flambées de dengue ou de chikungunya, "probablement en raison de l’évolution des conditions climatiques", souligne l'étude. Cette récurrence serait également "renforcée par la fréquence des déplacements humains".

    Chaque degré augmente le risque d’épidémie

    Chaque degré supplémentaire en été augmente le risque d'épidémie : les étés aux températures très élevées l’"amplifient considérablement". Les auteurs préviennent que "la température reste un facteur important des risques d’épidémies futures, en particulier dans des conditions de scénarios climatiques extrêmes", et que "dans toute l’Union européenne, ces maladies tendent à devenir endémiques".

    Les projections sont sans appel : d'ici les années 2060, le risque d'épidémie pourrait être cinq fois plus élevé que sur la période 1990 - 2024. Face à cette menace croissante, les experts appellent à renforcer la prévention, la surveillance des cas importés et à développer des systèmes d’alerte précoce.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF