Alimentation
Publicité pour la malbouffe : quel impact réel sur les enfants ?
Quelques minutes de publicités pour des aliments riches en gras et en sucre suffisent à augmenter la consommation calorique des enfants et à favoriser une prise de poids durable, selon une étude britannique.

- Par Stanislas Deve
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- LSOphoto / istock
Cinq minutes de publicités pour des aliments riches en graisses, en sel ou en sucre, plus communément appelés malbouffe, peuvent suffire à perturber la routine alimentaire d’un enfant sur toute une journée. C’est la conclusion d’une étude présentée récemment au Congrès européen sur l’obésité (ECO) à Malaga, en Espagne. Menée sur 240 enfants de 7 à 15 ans au Royaume-Uni, cette expérience met en lumière l’effet direct de la publicité alimentaire sur la consommation calorique des jeunes.
5 minutes de publicité, 130 calories de plus
Dans le cadre d'un essai randomisé, les chercheurs britanniques ont exposé les participants, à deux reprises, à cinq minutes de publicité : une fois pour des produits alimentaires riches (appelés HFSS, pour High in Fat, Salt and Sugar), une fois pour des contenus non alimentaires. Résultat : après avoir vu les annonces pour la malbouffe, les enfants consommaient en moyenne 130 calories de plus dans la journée, soit l’équivalent de deux tranches de pain.
"Nos résultats montrent que le marketing qui promeut les aliments malsains entraîne une augmentation durable de la consommation calorique chez les jeunes, suffisante pour favoriser une prise de poids dans le temps", alerte la professeure Emma Boyland, de l’Université de Liverpool, dans un communiqué. Elle ajoute : "Même une exposition brève à des produits riches en graisses, sel et sucre peut favoriser une consommation excessive, en particulier chez les jeunes plus sensibles à la publicité."Peu importe le support ou le message : même impact
Dans l’étude, les publicités visionnées pouvaient être visuelles, sonores, audiovisuelles ou encore statiques (comme des affiches). Peu importe qu’elles montrent un produit spécifique ou seulement une marque, l’impact était identique : l’appétit des enfants augmentait. "C’est la première étude à montrer que les publicités alimentaires pour une marque uniquement, pour lesquelles il n’existe actuellement aucune réglementation, augmentent l’apport alimentaire des enfants", souligne Pr Boyland.
De façon surprenante, ni le type de média ni le niveau socio-économique des jeunes ne semblent influer sur ces effets. En revanche, sans grande surprise, plus l’indice de masse corporelle (IMC) d’un enfant est élevé, plus sa consommation augmente après exposition.
Cette étude vient renforcer les arguments en faveur d’une réglementation plus sévère de la publicité alimentaire ciblant les jeunes. "Ces nouvelles données seront essentielles pour développer des politiques urgentes de restriction de la publicité alimentaire, afin de protéger la santé des enfants", conclut Emma Boyland.