Bactéries
Comment les aliments ultra-transformés altèrent le microbiote des bébés
La consommation d’aliments ultra-transformés altère la diversité bactérienne du microbiote intestinal des nourrissons. Les enfants allaités ont une flore intestinale plus stable.

- Par Stanislas Deve
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Une flore déséquilibrée dès la première année de vie ? Une étude brésilienne menée sur 728 nourrissons révèle un lien troublant entre la consommation d'aliments ultra-transformés et une altération de la diversité de leur microbiote intestinal, pourtant gage d’une bonne santé. Publiés dans la revue Clinical Nutrition, ces résultats proviennent du projet MINA (Maternal-Infant in Acre), une cohorte suivant des enfants nés entre 2015 et 2016 dans la région amazonienne de Cruzeiro do Sul, au Brésil.
Des bactéries associées à l’obésité et aux troubles digestifs
Les bébés allaités présentaient une plus grande abondance de Bifidobacterium, une bactérie bénéfique pour la santé intestinale. En revanche, ceux qui étaient sevrés du lait maternel et consommaient des produits ultra-transformés (biscuits fourrés, boissons chocolatées, sodas, nouilles instantanées...) avaient une flore dominée par des genres de bactéries comme Selimonas et Finegoldia, fréquemment retrouvés chez les adolescents ou adultes souffrant d'obésité ou de troubles digestifs.
"Nous avons également constaté que l’allaitement atténuait les effets nocifs des aliments ultra-transformés sur la composition du microbiote", soulignent les chercheurs dans un communiqué. Ils ajoutent : "Le groupe de bébés allaités et non exposés à ces produits présentait une flore intestinale plus stable et des marqueurs de santé plus favorables, notamment grâce à la présence accrue de Bifidobacterium.""Jusqu'à présent, aucune étude d’une telle ampleur n’avait analysé la flore intestinale durant la première année de vie en lien avec la consommation de produits ultra-transformés, alors que le système immunitaire est en pleine construction" lors de cette période, rappellent les scientifiques. Ils soulignent que ces produits, facilement accessibles même dans des zones reculées, tendent aujourd’hui à remplacer l’alimentation traditionnelle... et même l’allaitement.Aliments ultra-transformés : quels effets sur le long terme ?
L’analyse des prélèvements fécaux, traités selon un protocole rigoureux et séquencés en Corée du Sud, a également révélé la présence d’autres bactéries notables. Le genre Firmicutes, souvent associé à un microbiote adulte, était plus présent chez les enfants sevrés, même sans aliments transformés. Le genre Blautia, en hausse dans le groupe d’enfants le plus exposé, reste controversé : "Il manque encore des études solides pour établir un lien de causalité entre ce genre de bactéries et les conséquences pour la santé", notent les chercheurs.
Plus de 80 % des enfants de l’étude consommaient des produits ultra-transformés dès leur première année, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande d’attendre au moins l’âge de deux ans. "Au vu de ces résultats, nous allons continuer à suivre ces enfants pour détecter d’éventuels effets à long terme sur la santé", concluent les auteurs.