Pollution

Microplastiques dans l’eau potable en Inde : quels risques pour la santé ?

Une équipe de chercheurs a détecté la présence généralisée de microplastiques dans l'eau potable du sud de l'Inde, soulignant un risque pour la santé humaine.

  • by sonmez / istock
  • 29 Avr 2025
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    Les microplastiques, définis comme des fragments d’un diamètre inférieur à 5 millimètres, proviennent de la dégradation de déchets plastiques sous l'effet du soleil, de l'eau et des frottements. Ils ont été détectés dans presque tous les écosystèmes connus, des glaces arctiques aux fonds marins – en passant par les sols français. Une nouvelle étude, publiée dans l’Interdisciplinary Environmental Review, révèle aujourd’hui que, dans le sud de l’Inde, l'eau potable elle-même est contaminée par des microplastiques.

    Menée par des chercheurs du Loyola College de Chennai, cette recherche montre la présence quasi systématique de fragments plastiques dans l'eau du robinet et des réservoirs, notamment à proximité du fleuve Cooum et du Great Salt Lake, deux zones très polluées du pays.

    Vecteurs de substances toxiques et de microbes pathogènes

    C'est la première fois qu'une étude de ce type est réalisée dans le sud de l'Inde, alors que la production mondiale de plastique explose : de 30 millions de tonnes en 1970 à 380 millions en 2020, et probablement 600 millions d'ici 2050, peut-on lire dans un communiqué. Cette intensification, combinée à des systèmes de gestion des déchets insuffisants, entraîne une infiltration massive des plastiques dans nos environnements naturels et urbains. Même l’eau en bouteille est concernée par une contamination aux fines particules de plastique, selon de récents travaux menés en France.

    Au-delà de leur simple présence, les microplastiques inquiètent par leur capacité à transporter des substances toxiques, selon les chercheurs. Des composés liposolubles (solubles dans les graisses), tels que des polluants organiques persistants (POP) potentiellement cancérigènes ou perturbateurs endocriniens, peuvent notamment adhérer à leur surface. De plus, ces particules peuvent servir de vecteurs pour des microbes pathogènes ou des métaux lourds toxiques.

    Des microplastiques détectés dans les tissus humains

    Une fois ingérés, les microplastiques pourraient libérer ces substances dans l'organisme et nuire à la santé. La liste est longue : inflammation, altération du microbiote intestinal, dérèglement du fonctionnement hormonal, réactions allergiques, antibiorésistance... La présence de particules de plastiques a déjà été confirmée dans le sang, le placenta, les tissus pulmonaires humains ou encore les ovaires. Cette contamination pourrait devenir l'une des caractéristiques marquantes de l'époque actuelle, l'Anthropocène.

    Face à cette menace, les auteurs de l'étude soulignent l'urgence de développer des outils de détection performants pour mieux comprendre l'ampleur du phénomène et espérer trouver des solutions. En attendant, les experts proposent quelques stratégies pour réduire l’exposition aux microplastiques, comme éviter les contenants en plastique, ne surtout pas les faire chauffer, ou encore se méfier des sachets de thé en plastique, qui peuvent libérer de nombreuses microparticules lors de l’infusion.

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    JDF