Bien-être
Santé mentale : faut-il aller au musée pour aller mieux ?
Emotions, cognition, lien social... Une vaste étude confirme que la contemplation d’œuvres d’art peut booster la santé mentale, en particulier lorsque cela devient une habitude.

- Par Stanislas Deve
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- SeventyFour / istock
Le simple fait de regarder une œuvre d’art, que ce soit dans un musée, en ligne ou dans une chambre d'hôpital, peut améliorer notre bien-être mental, surtout lorsqu'on y revient régulièrement. C’est du moins ce que promet une nouvelle étude internationale pilotée par l’Université de Vienne (Autriche). Publiée dans le Journal of Positive Psychology, cette revue systématique analyse comment, quand et pourquoi la contemplation de l’art influence positivement notre santé psychologique.
L'art comme soutien du bien-être
Contrairement aux idées reçues, l'art ne serait pas qu'une activité réservée aux amateurs avertis. "Les gens considèrent souvent l'art comme un luxe, mais nos résultats suggèrent que participer à des activités de contemplation artistique – que ce soit dans le cadre de loisirs ou d'interventions ciblées – peut véritablement soutenir le bien-être", explique MacKenzie Trupp, chercheur principal de l'étude, dans un communiqué. Autrement dit, l’art accessible à tous pourrait devenir un outil simple et efficace de santé publique.
L'étude a passé en revue 38 recherches menées entre 2000 et 2023, portant sur un total de 6.805 participants. Les résultats montrent un impact fort sur le bien-être eudémonique : sens de la vie, développement personnel, et accomplissement. Qu'il s'agisse d'une visite de musée, d'une exposition en ligne ou d'un atelier guidé, ces expériences favorisent la régulation émotionnelle, la mémoire, l'interaction sociale et même la résilience.
Une expérience mentale et sociale
Les chercheurs identifient cinq mécanismes psychologiques clés expliquant cette association : l'émotion, la cognition, les liens sociaux, la transformation personnelle et le renforcement de la résilience. Ces processus expliquent pourquoi l'art peut apaiser, inspirer et relier les individus, même dans des contextes stressants ou cliniques.
Cette étude ouvre la voie à des applications concrètes : intégrer l'art dans les hôpitaux, les écoles ou les espaces publics, avec des activités réfléchies et répétées. Pour standardiser les recherches futures, les auteurs ont également conçu les lignes directrices RAARR (Receptive Art Activity Research Reporting Guidelines), un cadre pour améliorer la qualité des études sur le sujet. Ainsi, comme le souligne MacKenzie Trupp, "cela ouvre des perspectives prometteuses pour intégrer l'art dans les environnements quotidiens et les stratégies de santé publique".