Sommeil

Combien de temps pouvez-vous rester sans dormir ?

Ne pas suffisamment dormir est néfaste pour la santé, mais quelles sont les répercussions d’une privation de sommeil pendant plusieurs jours ? Explications. 

  • Par Diane Cacciarella
  • AndreyPopov/iStock
  • 31 Déc 2022
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    Le record du monde de privation de sommeil date de 1964. Randy Gardner, un étudiant américain de 17 ans, est resté éveillé 264 heures, soit 11 jours d'affilée, sous contrôle médical. Une prouesse jamais égalée depuis. 

    "Le sommeil joue un rôle vital dans notre bien-être physique, cognitif et mental, explique Michelle Drerup, experte en médecine comportementale du sommeil. Il y a des processus réparateurs en cours dans le sommeil dont nous avons besoin pour rester en bonne santé". Mais que se passe-t-il dans notre organisme quand on ne dort pas ? 

    Les conséquences de la privation de sommeil

    Si vous restez éveillé 24 heures, cela équivaut à un taux d'alcoolémie de 0,1 %, ce qui est supérieur à la limite légale aux États-Unis. Les conséquences sur l’organisme sont les suivantes : temps de réaction réduit, troubles de l'élocution, de la pensée, de la vision, de l’ouïe, jugement et prise de décision altérés, baisse de l’attention et de la mémoire, irritabilité, tremblements et tensions musculaires. Selon Michelle Drerup, ne pas dormir pendant 24 heures augmente “nos hormones de stress (...). C'est la tentative de votre corps pour compenser la fatigue que vous ressentez". Une fois les 24 heures passées, tous les effets du manque de sommeil augmentent à chaque heure supplémentaire sans dormir. 

    À partir de 36 heures, le corps est complètement bouleversé. “Nous commençons à voir un impact physique plus important sur notre santé, poursuit Michelle Drerup. Avec ce niveau de privation de sommeil, il y a probablement des niveaux plus élevés de marqueurs inflammatoires dans le sang”.  Il y a également un ralentissement du métabolisme et des troubles de l’humeur, de l’attention, de l’appétit ainsi qu’un impact sur la température corporelle.

    Au bout de 48 heures sans dormir, il est possible d’avoir des micro-sommeils qui sont des mécanismes de protection du cerveau. Ce dernier oblige le corps à s’endormir quelques instants, au maximum trente secondes, sans que la personne ne s’en rende compte. Elle se “réveille” généralement en se sentant désorientée. Cette situation est particulièrement dangereuse si elle se produit quand un individu conduit ou est dans une position où il peut se blesser. 

    Hallucinations et illusions à partir de 72 heures sans dormir

    Les scientifiques n’ont pas beaucoup d’études sur la privation de sommeil à partir de 72 heures. En effet, "il est éthiquement difficile de priver les gens d'autant de sommeil”, souligne Michelle Drerup. Néanmoins, d’après les données actuelles, la capacité à réguler ses émotions est fortement altérée. "Vous serez irritable, anxieux, déprimé et aurez du mal avec le fonctionnement exécutif et la pensée, développe Michelle Drerup. Vous pourriez aussi commencer à halluciner : voir ou entendre des choses qui ne sont pas là". Les personnes privées de sommeil ont aussi des illusions, c’est-à-dire du mal à interpréter la réalité.

    Dans la vie quotidienne, il est possible d’être privé de sommeil, en cas d’insomnie. Cela peut être dû au stress, à l’anxiété, à la dépression, au mode de vie (consommation de boissons excitantes, activités trop stimulantes le soir, les écrans, etc) mais aussi à certaines maladies comme l’asthme nocturne. Selon l’Assurance maladie, l’insomnie chronique des adultes de 18 à 75 ans concernait 13,9 % des adultes en 2017, dont 16,9 % pour les femmes et 9,1 % chez les hommes. 

    Selon Michelle Drerup, la privation chronique de sommeil peut avoir de graves répercussions sur la vie quotidienne et augmenter les risques de déficience cognitive, de démence, de déséquilibre, de diabète de type 2, de surpoids, d’obésité, d’hypertension artérielle, de dépression, etc. Mais qu’il s’agisse d’insomnie régulière ou ponctuelle, à partir du moment où la fatigue vous gêne dans vos activités au quotidien, il faut en parler avec votre médecin.

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    JDF