Psychologie

Pourquoi les gens narcissiques sont plus enclins à croire les théories conspirationnistes

Les personnalités narcissiques seraient en quelque sorte prédisposées à croire davantage aux théories conspirationnistes. Mais comment expliquer une telle perméabilité ?

  • Par Stanislas Deve
  • photosvit / stock
  • 26 Aoû 2022
  • A A

    On sait, par le biais de plusieurs études sur le sujet, que les personnes narcissiques sont plus susceptibles de croire aux théories conspirationnistes. Mais quelles en sont les raisons ?

    A l'heure où le "complotisme" fleurit sur les réseaux sociaux et dans les consciences, c'est la question à laquelle un trio de chercheurs a tenté de répondre dans un article publié dans la revue Current Opinion in Psychology.

    Névrosisme, antagonisme, extraversion

    Les narcissiques, tels que définis par la communauté scientifique, sont des personnes - en majorité des hommes - qui croient en leur propre supériorité, placent leurs droits au-dessus des gens "lambda" et ont un cruel besoin d'adulation. Ils seraient reconnaissables à trois grands traits de personnalité : le névrosisme, l'antagonisme et l'extraversion dite agentique (propre à ceux que l'on appelle les "fonceurs").

    Le névrosisme, associé à une faible estime de soi et à des difficultés relationnelles, voire à la paranoïa, désigne la tendance à réagir émotionnellement et de manière irrationnelle aux informations. L'antagonisme, lui, se définit par l'opposition systématique aux autres et à leurs opinions, souvent utilisée comme une tentative de contrôle d'autrui ou pour "ramener le sujet" autour de sa personne. L'extraversion, enfin, décrit quant à elle un comportement très assertif, à la limite parfois de l'agression - mais qui va souvent de pair avec une capacité à charmer.

    Garder le contrôle

    D'après les trois chercheurs, qui ont exploité les données de plusieurs études psycho-sociologiques de ces dernières années pour parvenir leurs conclusions, ce sont ces trois caractéristiques qui rendent les personnalités narcissiques si perméables et sensibles aux thèses conspirationnistes.

    D'abord, la paranoïa, intrinsèque au névrosisme donc, conduit la personne à s'imprégner des affirmations farfelues lancées par les adeptes du complot, avec la volonté de garder le contrôle sur des événements incertains (tels une pandémie) et donc leur vie. Vient ensuite l'antagonisme : en contradiction systématique avec la "thèse officielle", la personne se fait l'écho de la théorie conspirationniste face à tout interlocuteur qui ose le contredire. Quant à son extraversion, elle fera du "complotiste" un défenseur acharné de ce qu'il croit être "la vérité". 

    A noter toutefois que le narcissisme peut aussi avoir du bon : il permettrait d'avoir une plus grande solidité psychologique et de réduire le risque de dépression, selon une étude, et il nous protègerait même du stress, selon une autre.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF