Tabagisme

Cancer du poumon : pourquoi beaucoup de fumeurs sont épargnés?

Certains fumeurs pourraient disposer de systèmes très efficaces pour réparer les dommages causés à l'ADN ou pour détoxifier la fumée de cigarette, ce qui les protégerait du cancer du poumon.

  • Par Margot Montpezat
  • Zhang Rong
  • 13 Avr 2022
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    Le tabagisme est, dans une large mesure, la principale cause du cancer du poumon, mais seulement une minorité de fumeurs à vie, entre 10 à 20 %, développent la maladie. 

    D’après des scientifiques de l'Albert Einstein College of Medicine, certains fumeurs pourraient disposer de mécanismes robustes qui limitent les mutations des cellules pulmonaires ce qui les protégeraient du cancer du poumon. 

    Ces résultats publiés aujourd'hui dans Nature Genetics pourraient aussi aider à identifier les fumeurs qui, eux, courent un risque accru de contracter la maladie et qui méritent donc une surveillance particulièrement étroite.


    Une étape importante vers la prévention

    "Ces résultats pourraient constituer une étape importante vers la prévention et la détection précoce du risque de cancer du poumon, au lieu des efforts herculéens actuellement nécessaires pour combattre la maladie à un stade avancé, où se produisent la majorité des dépenses de santé et de la misère", a déclaré Simon Spivack, M.D., M.P.H., coauteur principal de l'étude, professeur de médecine, d'épidémiologie et de santé des populations, et de génétique à Einstein, et pneumologue à l’hôpital Montefiore de New York.


    Nouvelle technique de séquençage

    Les chercheurs ont développé une nouvelle technique de séquençage appelée amplification par déplacement multiple sur cellule unique (SCMDA) pour comparer le paysage mutationnel des cellules épithéliales pulmonaires qui tapissent le poumon, de deux types de personnes : 14 personnes n'ayant jamais fumé, âgées de 11 à 86 ans ; et 19 fumeurs, âgés de 44 à 81 ans, qui avaient fumé un maximum de 116 paquets-années. Un paquet-année de tabagisme correspond à un paquet de cigarettes fumé par jour pendant un an. 

    Les cellules ont été prélevées chez des patients qui subissaient une bronchoscopie pour des tests de diagnostic sans rapport avec le cancer. "Ces cellules pulmonaires survivent pendant des années, voire des décennies, et peuvent donc accumuler des mutations avec l'âge et le tabagisme", a déclaré le Dr Spivack. "De tous les types de cellules du poumon, celles-ci sont parmi les plus susceptibles de devenir cancéreuses". 


    Mutations plus nombreuses

    Les chercheurs ont constaté que les mutations s'accumulaient dans les cellules pulmonaires des non-fumeurs au fur et à mesure qu'ils vieillissaient - et qu’elles étaient nettement plus nombreuses dans les cellules pulmonaires des fumeurs. "Cette étude confirme expérimentalement que le tabagisme augmente le risque de cancer du poumon en augmentant la fréquence des mutations, comme on l'avait précédemment supposé", a déclaré le Dr Spivack. "C'est probablement une des raisons pour lesquelles si peu de non-fumeurs ont un cancer du poumon"

    Autre conclusion intéressante: le nombre de mutations cellulaires détectées dans les cellules pulmonaires a augmenté avec le nombre de paquets-années de tabagisme - et le risque de cancer du poumon également. Mais l'augmentation des mutations cellulaires s'est arrêtée après 23 paquets-années d'exposition.

    "Les plus gros fumeurs ne présentaient pas la charge de mutation la plus élevée", a déclaré le Dr Spivack. "Nos données suggèrent que ces personnes ont pu survivre aussi longtemps malgré leur tabagisme important parce qu'elles ont réussi à supprimer l'accumulation de mutations. Ce nivellement des mutations pourrait provenir du fait que ces personnes disposent de systèmes très efficaces pour réparer les dommages causés à l'ADN ou pour détoxifier la fumée de cigarette."

    Ci-dessous, notre émission Questions aux Experts sur le cancer du poumon :

     

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    JDF