Chiens, chats, moutons, singes...

Covid-19 : les animaux domestiques peuvent aussi être infectés

Une nouvelle étude britannique montre que 26 animaux régulièrement en contact avec l’humain, dont les chiens, les chats ou le bétail, sont vulnérables au SARS-CoV-2.

  • Par Charlotte Arce
  • Manuel Tauber-Romieri/iStock
  • 11 Oct 2020
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    Nos animaux de compagnie seraient susceptibles d’attraper la Covid-19. 

    C’est la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs du University College of London (UCL), en Angleterre. Dans une vaste étude publiée dans Scientific Reports, les chercheurs démontrent qu’au moins vingt-six animaux régulièrement en contact avec l’humain pourraient être vulnérables au SARS-CoV-2, le virus responsable de la maladie Covid-19.


    Le même schéma d’infection que chez l’humain

    Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont cherché à comprendre comment la protéine de pointe "S" du SARS-CoV-2 interagit avec le récepteur ACE2, une protéine clé dans la physiologie de la Covid-19, nécessaire à l’entrée du virus dans les cellules humaines. L’objectif de leurs travaux était de déterminer si les mutations de la protéine ACE2 chez 215 animaux différents – et donc différentes de la version humaine- réduisent la stabilité du complexe de liaison entre la protéine du virus et la protéine de l'hôte, et donc le risque d’infection.

    Les auteurs de l’étude ont alors découvert que pour certains animaux, notamment les moutons et les grands singes (chimpanzé, gorille, orang-outan et bonobo, dont beaucoup sont menacés dans la nature), les protéines seraient capables de se lier ensemble aussi fortement que lorsque le virus infecte l'humain.

    Il s’agit des premiers travaux à s’intéresser au risque d’infection du bétail, et en particulier des moutons. "Nous voulions regarder au-delà des animaux qui ont été étudiés expérimentalement, pour voir quels animaux pourraient être à risque d'infection, et justifier une enquête plus approfondie et une éventuelle surveillance", explique Christine Orengo, autrice principale de l’étude.

    Selon la chercheuse, les animaux "pourraient être exposés à des épidémies susceptibles de menacer des espèces en danger ou de nuire aux moyens de subsistance des agriculteurs". Il est aussi possible qu’ils servent de réservoirs du virus, avec la possibilité de réinfecter les humains plus tard.


    Une infection possible de nombreux mammifères

    Tous les animaux étudiés n’ont cependant pas le même risque d’infection à la Covid-19. En procédant à des analyses structurelles plus détaillées pour certains animaux, puis en comparant les résultats, ils ont constaté que la plupart des oiseaux, des poissons et des reptiles ne semblent pas être exposés au risque d'infection, à la différence des mammifères qui peuvent potentiellement être infectés.

    Les résultats de l'équipe concordent pour la plupart avec les expériences menées sur des animaux vivants et avec les cas d'infection signalés. Ils prédisent ainsi une infection possible chez les chats, les chiens, les visons, les lions et les tigres domestiques, qui ont tous eu des cas signalés, ainsi que chez les furets et les macaques, qui ont été infectés lors d'études en laboratoire.

    "Les détails de l'infection de l'hôte et la gravité de la réponse sont plus complexes que les seules interactions de la protéine de pointe avec l'ACE2, c'est pourquoi nos recherches continuent d'explorer les interactions impliquant d'autres protéines du virus de l'hôte", souligne Christine Orengo.


    Surveiller aussi les animaux

    Pour Joanne Santini, qui a participé aux travaux, les résultats obtenus montrent la nécessité de protéger les animaux contre le coronavirus, mais aussi de faire attention, nous humains, de nous protéger contre le risque d’attraper un jour la Covid-19 d’un animal affecté. Pour cela, "nous avons besoin d'une surveillance à grande échelle des animaux, en particulier des animaux de compagnie et des animaux d'élevage", recommande-t-elle. "Il peut également être important de prendre des mesures d'hygiène lorsqu'on s'occupe d'animaux, comme nous l'avons tous appris cette année, afin de réduire la transmission, et d'isoler les personnes infectées des animaux et des autres personnes."

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    JDF