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Médicaments, vitamine D ou calcium : comment traiter l'ostéoporose ?

Ils possèdent le même objectif : prévenir la survenue de fractures et les complications associées. Pourtant, les traitements de l'ostéoporose sont loin de faire consensus. Entre les diverses sortes de médicaments et la croyance populaire que les apports alimentaires en calcium ainsi qu'en vitamine D suffisent, Pourquoi docteur fait le point.

  • Par Floriane Valdayron
  • demaerre/istock
  • 08 Oct 2020
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    Face à l'ostéoporose, une maladie qui provoque une fragilité osseuse chez certaines personnes âgées de plus de 50 ans – concernées par une ménopause précoce, ayant eu des pathologies antérieures, ou présentant des facteurs de risque – il n'existe pas de traitement universel.

    Raloxifène, denosumab… Devant l'éventail de médicaments dont nous disposons, le professeur Bernard Cortet, rhumatologue au CHU de Lille, évoque les bisphosphonates, une des classes souvent utilisées en première intention. "Ce sont des médicaments qui ont comme caractéristique de s'incorporer progressivement dans la matrice osseuse, de telle sorte qu'il n'est pas forcément nécessaire de les donner tout au long de la vie", explique-t-il à Pourquoi docteur.

    Ainsi, après un premier cycle de 3 à 5 ans – en fonction des molécules et de la voie d'administration utilisées – une réévaluation sera conduite pour voir si l'on peut suspendre le traitement, le continuer ou en changer.

    La vitamine D et le calcium : des traitements "d'appoint"

    En parallèle, il est communément admis que prendre régulièrement de la vitamine D est efficace pour traiter l'ostéoporose puisqu'elle joue un rôle dans le métabolisme osseux. "C'est un traitement d'appoint, précise le professeur Bernard Cortet. C'est nécessaire chez une patiente ostéoporotique, mais ce n'est pas suffisant". Même constat pour le calcium: s'il faut essayer d'optimiser ses apports puisque l'on en perd tous les jours, notamment dans les urines, il ne s'agit pas d'un traitement de l'ostéoporose à part entière. 

    "Plus on vieillit, plus les apports en calcium doivent être importants; dans la tranche d'âge qui nous concerne, c'est-à-dire au-delà de 50 ans, c'est théoriquement 1 200 mg par jour", indique le professionnel de santé. Une quantité qu'il juge "un peu excessive", puisqu'il préconise au minimum 800 mg de calcium au quotidien pour obtenir un bon équilibre.

    Calcium en médicaments: "à ne pas prescrire à tout le monde"

    Pour avoir un ordre d'idées, une bouteille d'un litre de lait correspond à environ 1 g de calcium tandis qu'un yaourt en comporte près de 60 mg. Certaines eaux minérales sont également riches en calcium et peuvent en apporter jusqu'à 500 mg par jour. Ainsi, pour prendre une dose quotidienne suffisante, il convient idéalement d'ingérer deux laitages et de boire de l'eau riche en calcium.

    Pour les personnes qui n'aiment pas les produits laitiers ou qui y sont intolérantes, le rhumatologue recommande de consommer du calcium sous forme médicamenteuse en complément. "Les médicaments sont efficaces mais il ne faut pas les prescrire à tout le monde", alerte-il cependant.

    Diminuer le risque de fracture vertébrale de 70% avec un traitement adéquat

    En effet, les traitements médicamenteux devraient uniquement concerner les patients présentant un haut risque de fracture, comme ceux qui ont une densité osseuse très abaissée, qui ont déjà eu une fracture, ou qui présentent des facteurs de risque d'ostéoporose tout en ayant un niveau de densité osseuse potentiellement problématique. "Si les traitements sont donnés à bon escient, le rapport bénéfice/risque est tout à fait favorable", souligne le professeur Bernard Cortet, en regrettant que "ce message, pour l'instant, n'est pas passé".

    Ainsi, avec un traitement adéquat, la réduction du risque de fracture vertébrale est de l'ordre de 70%. Elle atteint 50% pour les fractures de la hanche et 20% pour les autres fractures non vertébrales. En revanche, quelques cas d'ostéonécrose de la mâchoire ont été signalés lors de l'utilisation des bisphosphonates ; 1 personne sur 10 000 est concernée.

    "En conséquence, dans toutes les recommandations, il est indiqué qu'un bilan buccodentaire est à faire préalablement, précise le rhumatologue. Ce sont les conditions de surveillance identiques à celles de la population générale ; c'est-à-dire aller voir son dentiste une fois par an".

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    JDF