Projet de loi santé

Binge drinking : 15000 € d'amende et 1 an de prison pour incitation

Pénaliser les jeux d'alcool ou l'ivresse trop rapide pour prévenir l'addiction chez les jeunes. Cette proposition s'inscrit dans le grand projet de loi santé. Une mesure contestée par les addictologues.

  • Par Léa Drouelle
  • Jonathan Hordle / Rex F/REX/SIPA
  • 15 Oct 2014
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    « Binge drinking » ou, en français, « biture express. » Ce phénomène, qui consiste à ingurgiter le plus d’alcool possible en un temps record, est très populaire chez les adolescents et les étudiants. Mais le gouvernement ne voit pas les choses du même œil.


    15 000 euros d’amende 
    Marisol Touraine a décidé de prendre le binge drinking très au sérieux. Ce mercredi, dans le cadre de la présentation officielle du projet de loi de santé, la ministre a rappellé les mesures envisagées pour lutter contre ce phénomène, dont une pénalité très stricte. En effet, toute incitation au binge drinking sera passible d’une amende de 15 000 euros et d'un an de prison. Selon le Dr Lemaire, psychiatre et addictologue au centre hospitalier de Châteauroux, cette tendance à l’alcoolisation accélérée représente un véritable problème de santé publique et constitue « une porte ouverte à l’addiction » en particulier si la consommation est fréquente. Mais est-ce nécessaire d’instaurer des mesures aussi strictes ?


    Ecoutez Frédéric Lemaire,
    psychiatre et addictologue au centre hospitalier de Châteauroux. « Pénaliser le binge drinking ne me semble pas être la bonne solution…»




    Cette proposition semble par ailleurs quelque peu difficile à concrétiser. En effet, à quel moment peut-on dire qu’un adolescent boit trop vite ? « Il y a des lois qui interdissent l’ivresse sur la voie publique. Or, je vois fréquemment des personnes ivres dans les rues le soir. Et, pour autant que je sache, les pénalisations pour cet acte sont rares. Je ne suis pas sûr que ce soit différent pour le binge drinking. Comment va t-on le contrôler ? Des policiers vont se poster chez les étudiants le samedi soir et surveiller leur débit d’alcool ? Cela me paraît un peu compliqué ! » estime le Dr Lemaire.


    L’attrait de l’interdit
    Tous les objets ludiques susceptibles de promouvoir l'alcool seront également retirés de la vente. Les tee-shirts imprimés mettant en scène des personnes ivres… et même certaines protections de téléphone portable. Une mesure un peu radicale qui soulève une autre question : interdire ne risque-t-il pas d’inciter encore les plus les adolescents à se « biturer » ? Car, à cet âge c’est bien connu : les règles sont faites pour être transgressées.

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    JDF