Période à risque

Pourquoi tombe-t-on plus malade quand il fait froid ?

Si les virus sont présents autour de nous tout au long de l'année, la promiscuité liée au froid augmente les risques de tomber malade. Qui plus est, une baisse des températures facilite leur pénétration dans notre organisme. 

  • Par Raphaëlle de Tappie
  • Tero Vesalainen/iStock
  • 19 Oct 2019
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    Les jours raccourcissent et se rafraichissent. La mort dans l’âme, on ressort les manteaux d’hiver et les écharpes. On commence à avoir la gorge qui gratte, à se sentir faible et fatigué et on a qu’une envie : rester enfermé chez soi à dormir en attendant que les beaux jours reviennent. Mais pourquoi tombe-t-on sans arrêt malade quand il fait froid ?

    Dire qu’on est tombé malade en sortant avec les cheveux mouillé parce qu’on a pris froid, "c’est une légende urbaine", explique au Figaro le Dr Matthieu Calafiore, médecin généraliste et maître de conférences à l’université de Lille. Toutes les maladies respiratoires de type pharyngite, angine virale, bronchite aiguë ou bronchiolite sont provoquées par des virus. "Le froid n’est pas un vecteur de transmission", insiste-t-il.

    Toute l’année, des centaines de virus évoluent autour de nous, susceptibles de nous affecter. Trois modes de contamination existent. On peut être touché par le virus en serrant la main ou embrassant une personne contaminée, quand celle dernière tousse, éternue ou postillonne ou pire encore, en touchant des objets qu’elle aurait préalablement infectés. Qui plus est, dans les grandes villes, le risque de contracter ces maladies virales augmente du fait de la pollution.

    Le froid facilite la pénétration des virus dans nos organismes

    Mais elles nous atteignent plus facilement pendant l’hiver car "nous passons le plus clair de notre temps dans des espaces clos avec une certaine promiscuité", poursuit le Dr Calafiore. La concentration de personnes dans le métro, le RER et des salles de bureaux peu ventilées augmente alors le risque de croiser ces virus.

    Par ailleurs, le froid facilite leur pénétration dans nos organismes. En France, où l’air est plutôt sec l’hiver, les muqueuses s’assèchent et deviennent plus vulnérables. "C’est un peu le principe du climatiseur à l’envers. L’air qui entre dans notre nez doit être réchauffé avant d’arriver à nos poumons. Cela se fait grâce à des échanges d’eau au niveau de la muqueuse, ce qui explique qu’elle s’assèche", explique au Figaro le Pr Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon et directeur du Centre national de référence sur la grippe.

    Par ailleurs, quand il fait froid, notre corps va distribuer le sang aux organes aux détriment des extrémités tels que les pieds, les mains, le nez et les oreilles. "Ils refroidissent, ce qui ralentit la vitesse de la réponse immunitaire innée dans la lutte contre les virus", souligne le Pr Lina. Qui plus est, le cœur bat beaucoup plus vite pour réchauffer l’organisme et éviter l’hypothermie, ce qui peut être particulièrement éprouvant pour les personnes sujettes aux maladies cardiaques et respiratoires. Ainsi, le risque d’infarctus de myocarde augmente lui aussi quand les températures chutent. Et lorsque l’humidité et le vent s’en mêlent, les risques sont multipliés.

    Quant aux pics de gastro, inflammation due aux virus rotavirus et norovirus, observés pendant l’hiver, ils pourraient s’expliquer en raison de l’hygiène des enfants à cette période de l’année. Les petits gardent par exemple leur couche plus longtemps, pouvant ainsi contaminer très facilement les parents qui oublient de se laver régulièrement les mains. 

    Quelques conseils faciles à suivre pour éviter d'être malade tout l’hiver

    En effet, se laver les mains très souvent, avec du savon ou du gel hydroalcoolique, est le conseil numéro un à suivre pour éviter de tomber malade en période de froid. Le ministère de la Santé recommande également d’éternuer dans son coude, d’utiliser des mouchoirs à usage unique et de les jeter directement après, de porter un masque jetable, de limiter les contacts directs avec les autres et de ne pas se toucher les yeux, le nez et à la bouche, porte d’entrées des virus et bactéries.

    Si vous sortez, couvrez-vous bien. En multipliant les couches, la résistance au froid est bien meilleure que si vous vous contentiez d’un seul gros pull. Il faut particulièrement couvrir les parties exposées au froid (tête, cou, mains et pieds) ainsi que la bouche et le nez pour respirer moins d’air froid. Enfiler des bonnes chaussures à la semelle antidérapante évitera par ailleurs les chutes et les fractures.

    Et si vous préférez rester calfeutré chez vous, pensez à bien aérer votre logement au moins 10 minutes par jour pour éviter que les germes ne s’accumulent et prévenir les infections respiratoires. Alimentez-vous correctement (cinq fruits et légumes par jour, rappelons-le) et hydratez-vous bien (à l’eau, pas trop froide de préférence) pour lutter contre le dessèchement observé dans les maisons en raison du chauffage. Enfin, rappelons que pour prévenir de la grippe, un vaccin est disponible en pharmacie depuis peu.

    Mais si vous tombez malade malgré tout, ne vous jetez pas sur les antibiotiques. Ces médicaments visent les bactéries et ne peuvent rien contre les virus. Par ailleurs, une trop grande utilisation des antiobiotiques peut entraîner une antibiorésistance. C'est pourquoi, alors que 9 millions de Français sont atteints d’angine chaque année, il est désormais possible de se rendre dans une pharmacie pour effectuer un test pour savoir si le mal est d'origine virale ou bactérienne. Si l’angine est streptococcique, rendez-vous chez votre médecin qui vous prescrira sans doute de l'amoxiciline (sauf en cas d'allergie) pendant 6 jours en première intention.  

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    JDF