Cardiologie

HTA et dénervation rénale : un traitement cliniquement pertinent

Une équipe de chercheurs franco-américains a mis en évidence un bénéfice significatif de la dénervation rénale par ultra-sons dans le traitement de l’HTA.

  • ozguroral/istock
  • 12 Avr 2023
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    L’hypertension artérielle (HTA) touche environ 30% de la population en France. Malgré les différents traitements existants, elle reste non-contrôlée chez plus de la moitié des hypertendus. Devant l’existence des conséquences possibles d’une HTA non ou mal traitée (complications cardiovasculaires, rénales, décès), il est impératif que de nouvelles possibilités thérapeutiques efficaces soient mises en avant, telle la dénervation rénale par ultrasons.

    Dans un communiqué du 28 mars 2023, l’INSERM confirme l’absence de thérapeutique innovante concernant l’HTA depuis 2007 et que cette technique endovasculaire pourrait répondre à la problématique du manque de nouveau traitement antihypertenseur efficace. Le principe de cette dénervation rénale repose sur l’interruption de l’activité électrique des nerfs du système nerveux sympathique à destination rénale en délivrant des ultrasons focalisés grâce à un cathéter introduit par voie endovasculaire. Elle a déjà donné de premiers résultats positifs dans l’HTA modérée (Etude RADIANCE-HTN Solo, Lancet 2018) ou sévère et résistante aux traitements (Etude RADIANCE-HTN TRIO, Lancet 2021).

    Une réduction de la pression artérielle systolique significative…

    Une étude internationale (randomisée, nommée RADIANCE II) menée par le Pr Michel Azizi (Columbia University Medical Center) et le Pr Ajay Kirtane (NewYork Presbyterian Hospital) et incluant des chercheurs de l’HEGP(Hôpital Européen George Pompidou), de l’université Paris-Cité et de l’INSERM,  compare la dénervation rénale par ultrasons à une intervention factice (« sham ») comme traitement de 224 patients ayant une HTA non contrôlée (sans médicament ou malgré la prise de 1 à 2 antihypertenseurs). Les patients sous traitement devaient arrêter leur traitement dans les 3 mois précédant.

    A 2 mois, la pression artérielle en journée a été réduite de 7,9 mm Hg dans le groupe ayant subi une dénervation rénale alors qu’elle n’a été réduite que de 1,8 mm Hg dans le groupe intervention « factice » (« sham »), soit une différence cliniquement pertinente de 6,3 mm Hg. Les effets étaient concordants sur la pression artérielle nocturne et sur la mesure de la tension en clinique et en automesure à domicile. Il n’y a eu aucune complication grave ni aucun effet indésirable majeur.

    …à tous les stades de gravité de l’HTA

    Ces données ont ensuite été incluses dans une méta-analyse regroupant 3 essais (RADIANCE II, RADIANCE-HTN SOLO, and RADIANCE-HTN TRIO) qui a permis de regrouper les données de plus de 500 patients. Elle a mis en évidence des résultats très cohérents d’un essai à un autre, montrant ainsi que la dénervation rénale par ultrasons diminue en toute sécurité la pression artérielle dans tous types de gravité de l’HTA.

    Après une interruption des traitements anti-hypertenseur pendant 3 mois sous surveillance médicale, la dénervation rénale a permis de réduire la pression artérielle de façon significative chez les patients hypertendus.

    Des résultats convaincants qui ouvrent une nouvelle voie thérapeutique complémentaire

    Les résultats de cette étude RADIANCE II ont été publiés dans le JAMA le 28 février 2023, tandis que ceux de la méta-analyse des trois essais ont été publiés simultanément dans le JAMA Cardiology.

    « L’ensemble de ces résultats conforte le rôle de ce traitement pour la prise en charge des patients ayant une HTA, ce d’autant que le suivi à 36 mois des patients inclus dans les premiers essais a déjà montré la persistance du bénéfice. Les indications retenues pour la dénervation rénale sont les formes d’HTA les plus sévères et/ou résistantes aux traitements antihypertenseurs. Nous allons désormais pouvoir proposer la dénervation rénale en tant que traitement additionnel pour les patients hypertendus sévères ou résistants, en accompagnement des médicaments antihypertenseurs et des règles hygiéno-diététiques » explique le Pr Michel Azizi.

    Un élément majeur confirmé par un récent consensus clinique du Conseil de l'ESC (Société Européenne de Cardiologie) sur l'hypertension et de l'Association européenne de chirurgie cardiovasculaire percutanée (EAPCI) a été publié.

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    JDF