Gynéco-obstétrique

Prothèses mammaires : une surveillance pas si rassurante et un nouveau syndrome

Quatre ans après le retrait du marché de certains implants mammaires susceptibles de majorer le risque de développer un lymphome, l'ANSM fait le point sur les données de surveillance de ces dispositifs médicaux. Et un nouvel effet indésirable, le syndrome ASIA, est suspecté.

  • Ivan-balvan/istock
  • 02 Fév 2023
  • A A

    Depuis 2019, certains types d'implants mammaires, macrotexturés ou recouverts de polyuréthane, ont été interdits de mise en vente. La raison : un surrisque de développer au niveau mammaire un lymphome anaplasique à grandes cellules, ou LAGC-AIN.

    Quelques années après ce scandale sanitaire, l'Agence Nationale de Sécurité des Médicaments et des produits de santé (ANSM) publie de nouvelles données de surveillance des implants mammaires.

    Combien de femmes ont été atteintes d'un lymphome ? Quelle surveillance spécifique pour les patientes porteuses d'implant mammaire ? Les prothèses actuellement mise sur le marché sont-elles si sûres ?

    103 cas de lymphomes liés aux implants mammaires

    Au 17 janvier 2023, 103 cas de LAGC associés au port d’implants mammaires ont été signalés à l'ANSM. L'Agence a analysé les 89 premiers cas. 3 cas sont à localisation mammaire bilatérale. La moyenne d'âge des femmes atteintes est de 57 ans. La part de femmes ayant développé un lymphome suite à un implant mammaire était la même quelle que soit le contexte de la pose : chirurgie esthétique ou reconstruction suite à un cancer du sein.

    Pour ces dernières, dans plus de 9 cas sur 10, le lymphome s'est développé du côté du sein atteint par le cancer. La durée moyenne des implantations cumulées entre la première implantation et le diagnostic était de 13 ans. L'ANSM insiste toutefois sur le fait que 30% des ruptures d'implants ont été signalées dans les 5 premières années d'implantation encourageant à une vigilance précoce des signes suspects.

    Pour ce qui est des implants disponibles actuellement sur le marché, l'Agence se veut rassurante « d’après l’ensemble des données collectées, nous ne disposons pas à ce jour d’éléments indiquant un surrisque d’apparition de LACG-AIM pour les implants actuellement mis sur le marché en France » précise le communiqué dédié.    

    Quelle surveillance pour les femmes porteuses d'implants mammaires ?

    Concernant la surveillance des patientes porteuses d'implants mammaires, quelque soit son type, elle doit être régulière. Certains signes fonctionnels ou physiques doivent alerter. L'analyse des cas de lymphome liés aux implants, a montré que les trois signes les plus fréquemment rapportés étaient un épanchement péri-prothétique, une augmentation du volume du sein et des douleurs.

    L'avis d'experts de l'Institut National du Cancer  de février 2019, toujours d'actualité, précise également que la présence d'une inflammation, d'une masse locale, d'une ulcération ou encore une altération de l'état général « survenant notamment à distance de la phase post-opératoire chez une femme porteuse d'implant mammaire » doit faire suspecter le diagnostic de LAGC.

    En l'absence de signes, les experts préconisent le suivi habituel de rigueur, à savoir : examen clinique annuel des seins et imagerie éventuelle, le tout destiné à vérifier que l'implant ne se dégrade pas. L'ANSM rappelle que le risque d'effets indésirables augmente avec la durée de port des implants et que la question du remplacement des prothèses doit se poser à partir de la dixième année après l'implantation.   

    Un nouveau scandale se prépare ?

    Un autre effet indésirable potentiel des implants mammaires pose question : le syndrome ASIA (autoimmune syndrome of induced adjuvent), aussi appelé BII pour « breast implant illness » en anglais. Décrit chez des femmes ayant des implants mammaires en silicone (les plus courants actuellement), il regroupe un vaste ensemble de symptômes comme la fatigue chronique, les pertes de mémoire, des éruptions cutanées ou encore des douleurs articulaires, explique l'ANSM.

    Le lien entre prothèse mammaire et ASIA n'a encore jamais été clairement établi et l'ANSM précise que « en France, les données disponibles ne sont pas encore suffisantes pour déterminer si certaines déclarations de matériovigilance résultent d’un syndrome ASIA ». L'Agence envisage donc de solliciter une expertise européenne sur ce syndrome pour améliorer le diagnostic et proposer une prise en charge aux femmes qui en souffrent. Un nouveau scandale sanitaire liés aux implants mammaires est peut-être pour bientôt.... D'ici là l'information et la sensibilisation des patientes concernées est primordiale.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF