Pneumologie

Utilisation du nez électronique pour le diagnostic de sarcoïdose : des résultats intéressants mais qui restent à reproduire

Le recours à un nez électronique dans la démarche diagnostique d’une sarcoïdose peut avoir un intérêt si cette technique d’analyse de l’air exhalé est suffisamment sensible et spécifique. D’après un entretien avec Philippe DEVILLIER.

  • 14 Jul 2022
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    Une étude néerlandaise, dont les résultats sont parus en mai 2022 dans Chest, a cherché à évaluer si un nez électronique (Spironose®) pouvait avoir un intérêt pour le diagnostic de sarcoïdose. Dans cette étude transversale, 252 patients atteints de sarcoïdose, ont été comparés à 48 sujets sains témoins et 317 patients atteints de pathologies interstitielles diffuses (ID), en majorité des fibroses pulmonaires idiopathiques et des connectivites. L’air expiré a été analysé à l’aide du Spironose® et les résultats ont été confrontés aux données cliniques et des examens complémentaires issues des dossiers médicaux.

    Un outil qui reste à valider en médecine

    Le professeur Philippe DEVILLIER, pharmacologue au sein du pôle des maladies des voies respiratoires de l’Hôpital Foch, à Suresnes, explique que les nez électroniques comportent des capteurs de nature, technologie et en nombre différents selon les modèles. Ces capteurs souffrent d’une sensibilité et d’une spécificité assez limitées en regard de la diversité et des concentrations souvent très faibles des composés organiques volatils (VOCs) contenus dans l’air exhalé. Certains nez électroniques commercialisés n’ont pas été conçus pour un usage médical et aucun n’a obtenu le label de dispositif médical permettant une commercialisation pour un usage diagnostic ou de suivi thérapeutique. De nombreuses études suggèrent un intérêt des nez électroniques pour le diagnostic ou le suivi de la réponse aux traitements de nombre de pathologies pulmonaires. Cependant, la reproductibilité externe des études publiées reste pour le moins parcellaire. De plus, la reproductibilité et la stabilité dans le temps des signaux émis par les capteurs des nez électroniques, peuvent en limiter l’usage en tant que dispositif médical. Par leur conception, les nez électroniques ne permettent pas d’identifier les VOCs mais fournissent une signature, à partir des signaux émis par chaque capteur, qui peut permettre de différencier des sujets sains de patients porteurs de pathologies pulmonaires voire de distinguer les patients porteurs de différentes pathologies pulmonaires.

    Une possible technologie d’avenir

    Philippe DEVILLIER n’exclue pas que cette technologie puisse représenter un outil utilisable en médecine dans l’avenir. Il explique que le Spironose, développé par une société néerlandaise, et évalué dans ce travail souffre des limites de sensibilité, spécificités et reproductibilité inhérentes aux capteurs des nez électroniques. Cependant, les résultats suggèrent que ce nez électronique permet de distinguer à tous coups un sujet sain d’une sarcoïdose mais avec bien moins de certitude une sarcoïdose d’une autre PID. Philippe DEVILLIER reste prudent quant à l’extrapolation de ces résultats à la pratique médicale et en particulier, sur le positionnement d’une analyse des VOCs avec un nez électronique dans la démarche diagnostique en l’occurrence de la sarcoïdose et des PID.

    En conclusion, les résultats de cette étude avec le Spironose sont intéressants mais nécessitent d’être confirmés par des études de validation externe. L’intérêt d’une analyse des VOCs à l’aide d’un nez électronique pour le diagnostic ou le suivi de la sarcoïdose et des PIDs reste à préciser. Cette technologie émergente a un vrai potentiel en médecine à moyen terme notamment avec l’amélioration des performances des capteurs.

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    JDF