Pneumologie

Bronchiolite constrictive : intérêt diagnostique des oscillations forcées.

Un cas clinique simple de bronchiolite constrictive a interpellé l’attention en raison du retard au diagnostic par défaut d’utilisation des moyens d’explorations des voies aériennes distales. Il est nécessaire de penser à utiliser les outils diagnostiques disponibles pour l’exploration des voies aériennes distales. D’après un entretien avec Anh-Tuan DINH XUAN.

  • 30 Jun 2022
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    La publication d’un cas clinique, en mai 2022, dans le New England Journal of Medicine, a permis de faire un point sur l’utilisation des épreuves d’oscillations forcées pour faire le diagnostic de bronchiolite oblitérante. Il s’agit du cas d’un patient âgé de 35 ans, sans antécédent ni personnel ni familial, qui éprouve des difficultés respiratoires associées à une toux, suffisamment chronique pour justifier une consultation. Le patient a bénéficié d’EFR, qui ont trouvé un VEMS légèrement diminué, mais pas suffisamment pour expliquer sa gêne respiratoire fonctionnelle, qui évoluait déjà depuis quelques années. Les investigations ont donc été complétées par des examens d’imagerie et un examen anatomo-pathologique après biopsie, ce qui a permis de finalement confirmer le diagnostic de bronchiolite oblitérante chez ce patient.

    Une errance de diagnostic

    Le professeur Anh-Tuan DINH XUAN, qui dirige le service de Physiologie- Eplorations Fonctionnelles de l’Hôpital Cochin, à Paris, explique que les EFR standards ne permettent pas de détecter une atteinte des voies aériennes distale. Il précise que les EFR et la DLCO de ce patient n’étaient pas suffisamment anormales pour s’orienter vers une atteinte distale. En effet, en regardant la forme de la courbe débit/volume, rien ne peut orienter vers une atteinte des voies aériennes distales. C’est un cas typique d’atteinte trop discrète sur la courbe débit/volume, même si des anomalies sont potentiellement visibles. Le patient a donc été traité par bronchodilatateurs, puisque les professionnels qui le suivaient se sont orientés vers un diagnostic d’asthme, après avoir eu recours à des examens d’imagerie et à la biopsie, avec analyse anatomo-pathologique.

    Des outils diagnostiques sous-utilisés

    Anh-Tuan DINH XUAN souligne que, dans de tels cas, il est utile d’avoir des outils diagnostiques plus fins pour évaluer l’atteinte des voies aériennes distales. Il explique que ces outils existent mais qu’ils n’ont pas été envisagés, chez ce patient. Il s’agit des épreuves d’oscillations forcées t des méthodes de rinçage à l’azote. L’utilisation de ces outils aurait pu éviter certains examens d’imagerie et permettre un recours plus rapide à la biopsie, qui était nécessaire, ce qui aurait d’emblée orienté vers une atteinte des voies aériennes distales, chez ce patient, gêné par ses symptômes depuis 4 ans. Une fois le diagnostic établi, un traitement adapté lui aurait été proposé plus précocement. Anh-Tuan DINH XUAN précise donc qu’il faut penser à utiliser ces outils diagnostiques devant une dyspnée inexpliquée, avec peu d’atteinte fonctionnelle respiratoire, pour explorer les voies aériennes distales. Anh-Tuan DINH XUAN regrette que ces outils soient sous-utilisés, y compris dans les grands centres hospitaliers.

    En conclusion, ce cas clinique simple a très justement interpellé l’attention et va peut-être permettre d’augmenter le recours aux outils diagnostiques permettant d’explorer les voies aériennes distales, notamment les épreuves d’oscillations forcées, afin d’éviter la perte de temps liée à l’errance diagnostique.

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    JDF