Cardiologie

Covid-19 : le risque thromboembolique persiste plusieurs mois après l’infection

La Covid-19 est un facteur de risque de thrombose veineuse profonde, d'embolie pulmonaire et d'hémorragie. Ce risque est majoré pendant plusieurs mois, en particulier chez les patients avec comorbidités, chez ceux dont l’infection est sévère et au cours de la première vague pandémique.

  • Dr_Microbe/istock
  • 07 Avr 2022
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    Il est maintenant clair dans les méta-analyses, que le risque thromboembolique est augmenté après une infection par le SARS-CoV-2. Cependant, trois questions importantes demeurent : pendant combien de temps après l'infection le risque persiste-t-il, une forme légère augmente-t-elle également le risque et la Covid-19 augmente-t-elle également le risque hémorragique ?

    Une étude suédoise, dont les résultats sont publiés dans The BMJ, aborde ces questions à travers 2 plans d'étude sur les données de registres nationaux : elle objective que, par rapport à la période contrôle, les taux d'incidence sont significativement augmentés 70 jours après la Covid-19 pour la thrombose veineuse profonde, 110 jours pour l'embolie pulmonaire et 60 jours pour les hémorragies.

    Une étude observationnelle nationale

    Les auteurs ont identifié plus d'un million de personnes ayant une infection au SARS-CoV-2 confirmée en laboratoire, entre le début de la pandémie et le milieu de l'année 2021, appariées selon l'âge, le sexe et le comté de résidence, et les ont comparés à plus de quatre millions de personnes n'ayant pas eu de résultat positif au test de dépistage du SARS-CoV-2.

    Après ajustement pour un large éventail de facteurs confondants potentiels, les auteurs objectivent une multiplication par cinq du risque de thrombose veineuse profonde (IR = 4,98, IC à 95% de 4,96 à 5,01), une multiplication par 33 du risque d'embolie pulmonaire (IR = 33,05, IC à 95% de 32,8 à 33,3) et une multiplication par près de deux du risque d'hémorragie (IR = 1,88, IC à 95% de 1,71 à 2,07) dans les 30 jours suivant l'infection.

    Évolution du risque au fil des différents variants

    Bien que de nombreuses infections par le variant Omicron soient bénignes, cette nouvelle étude confirme un risque thromboembolique accru, même chez les personnes qui ont des infections bénignes et ne nécessitant pas d'hospitalisation.

    L'association est beaucoup plus faible (IR = 5,87, IC à 95% 4,88 à 7,05 pour l'embolie pulmonaire) que celle observée chez les patients admis à l'hôpital (IR = 64,49, IC à 95% 53,91 à 77,15) et ceux admis en soins intensifs (IR = 196,98, IC à 95% 128,71 à 301,46), mais les infections bénignes représentent une proportion beaucoup plus importante des infections (94,5% dans cette étude). Ce groupe de patients peut donc contribuer à un nombre substantiel d'événements thromboemboliques.

    Étude cas-contrôle nationale

    L'étude est une série de cas-contrôles et une étude de cohorte sur les registres nationaux en Suède. Les patients inclus étaient 1 057 174 personnes testées positives au SARS-CoV-2 entre le 1er février 2020 et le 25 mai 2021 en Suède, appariées selon l'âge, le sexe et le comté de résidence à 4 076 342 participants témoins.

    L'avantage de cette approche est que la comparaison de deux périodes chez une même personne permet d'éliminer les facteurs confondants qui sont stables dans le temps, comme la génétique.

    Étant donné que les risques thromboemboliques et d'hémorragie sont les plus élevés chez les participants qui ont eu une forme sévère de la Covid-19, la vaccination pourrait réduire le risque global, à la fois en prévenant l'infection et en réduisant sa gravité lorsqu'elle survient d’après un éditorial associé.

    Bien que le risque d'événements thromboemboliques soit augmenté après la vaccination, l'ampleur du risque reste plus faible et persiste pendant une période plus courte que celui associé à l'infection.

    En pratique

    Les résultats de cette étude suggèrent que la Covid-19 est un facteur de risque indépendant de thrombose veineuse profonde, d'embolie pulmonaire et d'hémorragie, et que le risque de ces évènements persiste, augmenté, pendant trois, six et deux mois après la Covid-19, respectivement.

    Cette étude a également met en évidence un risque thromboembolique plus élevé chez les patients avec comorbidités, chez ceux ayant une forme plus sévère de la Covid-19, et pendant la première vague pandémique par rapport aux deuxième et troisième vagues.

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    JDF