Gynéco-obstétrique

Grossesse et tabagisme : maximum de risques pendant la période périconceptionnelle

Le tabagisme juste avant et après la conception, à un stade auquel les futures mères sont souvent peu sensibilisées, est associé à un retard du développement embryonnaire proportionnel à la quantité de cigarettes quotidiennes.

  • NYS444/istock
  • 23 Fév 2022
  • A A

    Le tabagisme des mères pendant la période périconceptionnelle est associé à un retard du développement embryonnaire, à des fœtus plus petits au moment de l'échographie de 20 semaines et à un poids de naissance plus faible.

    En suivant 689 femmes ayant eu une grossesse simple entre 2010 et 2018, les chercheurs ont constaté qu'à la dixième semaine de grossesse, le développement de l'embryon était retardé de près d'un jour chez les femmes qui fumaient dix cigarettes ou plus par jour par rapport aux non-fumeuses, et de 1,6 jour chez les fumeuses qui avaient conçu par fécondation in vitro (FIV) et intracytoplasmic sperm injection (ICSI).

    L'étude est publiée dans Human Reproduction et elle montre qu’il existerait un effet dose-réponse du tabagisme maternel sur la morphologie embryonnaire et la croissance du fœtus.

    La cohorte périconceptionnelle de Rotterdam

    Les 689 mères de cet essai participent à la cohorte périconceptionnelle de Rotterdam, une vaste étude prospective dans le département d'obstétrique et de gynécologie du centre médical universitaire Erasmus MC de Rotterdam, un hôpital de soins tertiaires pour la préconception et les soins prénataux.

    Il s'agit de la première étude à examiner l'association entre le développement des embryons et le tabagisme des mères pendant la période périconceptionnelle (de 14 semaines avant la conception jusqu'à 10 semaines après la conception). L’évaluation est basée sur l’analyse de la morphologie des embryons pendant les grossesses. Les études ont utilisé la réalité virtuelle pour observer le développement des embryons et ont comparé la morphologie aux stades établis du développement embryonnaire, connus sous le nom de stades de Carnegie.

    Un retard qui ne se rattrape pas

    Le retard du développement embryonnaire associé au tabagisme des mères pendant la période périconceptionnelle est également associé à des mesures fœtales plus petites lors de l'échographie de 20 semaines et à un poids de naissance plus faible.

    Les chercheurs ont constaté que les embryons n'étaient pas en mesure de « rattraper » leur retard de développement au cours de la grossesse et qu'ils étaient plus susceptibles de naître petits pour leur âge gestationnel et avec un poids médian (moyen) de 93 grammes inférieur à celui des bébés nés de femmes non fumeuses.

    Les chercheurs ont également pu mettre en évidence un effet dose-réponse du tabagisme maternel sur la morphologie embryonnaire et la croissance du fœtus : plus une femme fumerait de cigarettes, plus le retard de développement serait important. Cela souligne l'importance des initiatives de santé publique visant à promouvoir l'éducation et les soins préconceptionnels.

    Une analyse clé de la période périconceptionnelle

    Les points forts de cette étude sont le grand nombre de grossesses étudiées, la certitude des dates de conception, en particulier pour les couples FIV/ICSI, et la disponibilité des données échographiques du premier trimestre. Ses limites comprennent le fait que les femmes ont déclaré leurs habitudes tabagiques à l'aide d'un questionnaire et qu'il est donc possible qu'elles ne le fassent pas avec précision, avec un risque de sous-estimation des véritables effets du tabagisme. L'association entre le fait de fumer une à neuf cigarettes par jour et le retard de développement n’est pas significative, probablement en raison du petit nombre de femmes dans ce groupe.

    Cette étude souligne l'importance de l'arrêt du tabac avant la conception et le fait que les efforts pour aider les femmes à arrêter de fumer devraient se concentrer sur cette période.

    Pour laisser un commentaire, Connectez-vous par ici.
    

    JDF