Pneumologie

Pollution atmosphérique : une exposition mesurée en fonction de la mobilité et du mode de transport

La détermination individuelle de l'exposition à la pollution a permis une quantification précise de l'augmentation de l'exposition induite par l'exercice et calculée en fonction du mode de transport. Des résultats parfois surprenants. D’après un entretien avec Basile CHAIX.

  • 10 Fév 2022
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    Une étude française, dont les résultats sont parus en janvier 2022 dans Environment International, a cherché à évaluer l’effet de la mobilité et du mode de transport sur l’exposition individuelle à la pollution atmosphérique. Pour réaliser ce travail, les auteurs ont utilisés des capteurs individuels qu’ils ont embarqués sur 283 participants, vivant dans le grand Paris. Les données ont été recueillies entre 2018 et 2020. La mesure précise de la mobilité a été réalisée grâce à des GPS et une enquête a été faite sur 7 jours de mobilité, pour chaque participant, en fonction du mode de transport qu’ils ont utilisé.

    Une mesure individuelle de l’effet de la mobilité sur l’exposition à la mobilité

     Le docteur Basile CHAIX, directeur de recherche à l’Inserm et directeur de l’équipe Nemesis spécialisée dans les relations entre l’environnement, la mobilité et la santé, auteur de ce travail, rappelle que la mobilité et le mode de transport ont un effet sur l’exposition individuelle à la pollution atmosphérique. Il souligne que le projet MobiliSense est financé par le conseil européen de la recherche et qu’il offre une vision complète des bénéfices et des risques des différents modes de transport, en matière d’exposition à la pollution. Ce projet apporte une piste à la réponse aux défis sanitaires environnementaux, afin de construire s villes qui permettent à la population de vire en bonne santé. Basile CHAIX rappelle que, jusque-là, l’exposition aux polluants aériens étaient mesurés sur le seul lieu de résidence des sujets. Dans ce travail, la mobilité a été prise ne compte grâce aux capteurs embarqués.  L’exposition aux polluants aériens a été couplée aux différents modes de transports utilisés par les sujets. La mesure du carbone suie a été réalisée dans la zone de respiration et les résultats ont montré que l’inhalation est deux fois plus importante lors des phases de mobilité que lors des moments de sédentarité. De plus, les modes de transports actifs, comme la marche ou le vélo sont associés à une concentration moyenne de carbone suie inférieure que celle observée lors des déplacements motorisés, la concentration la plus faible étant retrouvée lors de la marche. Les concentrations ls plus élevées sont observées lors de l’utilisation des transports en commun.

    Attention au métro

    Basile CHAIX insiste sur le fait que les concentrations sen carbone suie les plus élevées sont celles observées dans le métro. Il précise que le carbone suie est un très bon marqueur du trafic routier, alors que le métro ne fonctionne pas à l’essence…Ces résultats assez troublants font réfléchir sur le rôle des bouches d’aération que l’on trouve au niveau du sol. Basile CHAIX relève également que lorsque l’on s’intéresse aux quantités de polluants inhalés et non à leur concentration, la hiérarchie s’inverse : la quantité la plus élevée est retrouvée chez les cyclistes puis chez les marcheurs et enfin chez les utilisateurs de moyens de transport motorisés. Le niveau observé chez les utilisateurs du métro est équivalent à celui observé chez les marcheurs. Pour lui, ce renversement n’est pas une surprise et permet de mettre des chiffres sur des intuitions. Il explique que l’idée est surtout de ne pas décourager l’utilisation de la marche à pied ou du vélo, les avantages liés à la pratique d’une activité physique surpassant les désagréments de l’inhalation de polluants. Basile CHAIX souhaiterait que les pistes cyclables soient séparées du trafic routier et ce travail doit représenter un appui pour encourager les politiques urbaines à éloigner les pistes cyclables des artères à fort trafic, en créant un véritable réseau réservé aux cyclistes, qui sont victimes du trafic routier.

    En conclusion, une transition de la mobilité est à réaliser en s’orientant vers une mobilité décarbonée et en développant une stratégie de substitution de la voiture vers les modes de transport actifs et en commun, avec des mesures incitatives plutôt que punitives…

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    JDF