Onco-thoracique

Cancer bronchique : progrès indéniables du traitement mais à quel prix ?

Les traitements en oncologie thoracique sont des traitements de pointe mais qui sont inégalement accessibles dans le monde en raison de leur coût. Une question éthique à laquelle les oncologues sont désormais de plus en plus souvent confrontés.

  • Andrey Zhuravlev/istock
  • 16 Déc 2021
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    Les progrès récents dans la prise en charge des patients atteints de cancer sont indéniables grâce aux nouvelles molécules disponibles (thérapies ciblées, immunothérapies).

    Les allongements de survie observés sont impressionnants et le mouvement ne semble pas près de s'arrêter.

    Survie globale allongée

    En prenant l’exemple du cancer broncho-pulmonaire non à petites cellules (CBNPC), la médiane de survie globale des patients de stade IV avec une mutation de l’EGFR qui était de 16 à 18 mois est passée à près de 39 mois avec l’arrivée de l’osimertinib, inhibiteur de tyrosine kinase de l’EGFR, en 1ère ligne métastatique.

    Des résultats similaires sont retrouvés grâce à d’autres molécules ciblant des oncogènes. De nouvelles thérapies ciblées émergent ciblant des altérations autrefois considérées comme non ciblables : le gène KRAS retrouvées mutés dans environ 30-40% des adénocarcinomes pulmonaires a désormais plusieurs anti-JRAS en cours de développement.

    Concernant l’immunothérapie, l’essai KEYNOTE-001 rapporte que le taux de survie globale à 5 ans est de 23.2% après pembrolizumab (anti PD1) en monothérapie chez des patients naïfs de traitement atteints d’un CBNPC métastatique, et de 15.5% chez des patients précédemment traités. Aujourd’hui de nombreuses molécules d’immunothérapie arrivent sur le marché, et l’association d’immunothérapie est en cours d’étude dans divers essais dans le CBNPC.

    Cependant ces traitements ont un coût et sont accessibles de façon inégale à l’échelle mondiale

    Aux USA, les traitements cités ci-dessus coutent plus de $100.000 par an par patient. Ce qui représente environ 20% des dépenses de santé liées au cancer dans ce pays. Ces chiffres devant se majorer dans les années à venir étant donné que ces molécules ont tendance à avoir une indication d’administration prolongée ainsi que des extensions d’indication à différents stades de la pathologie. Le manque de données de comparaison directes de ces molécules entre elles laisse parfois les oncologues avec un choix de décision thérapeutique difficile.

    Dans certains pays le choix est plus simple car l’accès aux molécules ci-dessus n’est pas réparti de façon équitable : par exemple le crizotinib est le seul agent anti ALK disponible en Grèce ; ou alors l’osimertinib n’est pas remboursé en totalité à Taïwan ni en Corée du sud. Ou encore, dans les pays à plus faibles revenus, la plupart de ces molécules ne sont pas envisageables étant donné leur coût.

    Quelles solutions aux coûts ?

    Les solutions proposées pour tenter de rendre accessibles ces molécules à l’ensemble des patients cibles sont multiples : l’arrivée de génériques ou de biosimilaires permettrait de faire baisser le coût de ces traitements ; ou alors des partenariats entre les producteurs de médicaments, les sociétés académiques, les associations de patients, pourraient permettre de trouver des solutions à plus longs terme, afin de rendre accessibles ces molécules au plus grand nombre.

    Si l’innovation et la recherche permettent chaque année l’arrivée de molécules efficaces qui prolongent la survie et améliorent la qualité de vie des patient atteints d‘un CBNC, l’inégalité mondiale d’accès à ces molécules pose une question éthique que notre génération ainsi que les générations à venir devront résoudre.

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    JDF