Pneumologie

BPCO : une incidence augmentée par la pollution sonore et atmosphérique

La BPCO est liée de façon indépendante à la pollution issue des moteurs thermiques et au bruit des véhicules automobiles. L’influence de ces deux nuisances a été montrée sur une importante cohorte suivie pendant une longue durée. D’après un entretien avec Anh-Tuan DINH XUAN.

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  • 12 Aoû 2021
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    Une étude observationnelle, dont les résultats sont parus en mai 2021 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à évaluer l’impact de la pollution atmosphérique et de la pollution sonore sur l’incidence de la BPCO. Les auteurs ont démontré l’effet indépendant de ces deux types de nuisances sur la fonction respiratoire. Pour cela, une volumineuse cohorte danoise comptant près de 25 000 femmes, toutes infirmières, a été suivie pendant près de 19 années consécutives. Plus de 1000 femmes nt développé une BPCO. Les auteurs ont analysé deux biomarqueurs : les PM2.5 et le dioxyde d’azote.

    Un argumentaire recevable sur le rôle de la pollution sonore

    Le professeur Anh-Tuan DINH XUAN, pneumologue à l’hôpital Cochin, à Paris, souligne l’influence de la pollution environnementale et sonore sur l’incidence de la BPCO. Il rappelle que la nuisance sonore représente la troisième nuisance en termes de fréquence, au quotidien. Son effet sur l’incidence de la BPCO est surprenant et s’il est suggéré par ce travail, mais encore discuté, les auteurs de ce travail fournissent des arguments recevables. En effet, plusieurs mécanismes physiopathologiques peuvent expliquer ce phénomène. SI elle n’agit pas directement sur les particules d’air, la pollution sonore provoque un stress psychologique qui modifie l’axe corticotrope et donc l’immunité. De plus, les nuisances sonores peuvent augmenter le stress oxydatif et générer la production de radicaux libre et d’oxygène par les cellules de l’appareil respiratoire. Enfin, la pollution sonore provoque des troubles du sommeil qui entrainent des comportements compensatoires avec augmentation de l’alimentation et du tabagisme. Anh-Tuan DINH XUAN souligne donc que les résultats de cette étude prouvent l’effet significatif de la pollution sonore sur l’incidence de la BPCO.

    Un lien indépendant entre BPCO, pollution atmosphérique et pollution sonore

    Anh-Tuan DINH XUAN précise qu’il faut néanmoins s’assurer de l’effet indépendant des nuisance sonores t de la pollution atmosphérique sur l’incidence de la BPCO. Pour cela, les auteurs de cette étude ont réalisé des analyses statistiques complexes qui ont démontré l’effet propre des nuisance sonores et l’effet attribué au trafic routier, en utilisant deux biomarqueurs que sont les PM2.5 et le dioxyde d’azote. En effet, le dioxyde d’azote est beaucoup plus contributif à la survenue de la BPCO par la pollution atmosphérique. Son effet pro-oxydant est plus spécifique. Ainsi, l’indépendance du lien entre incidence de la BPCO et nuisance sonore ou pollution environnementale semble démontrée.

    En conclusion, il y a encore du « grain à moudre » en matière de lutte contre la pollution, en tenant compte des effets indirects de la pollution sonore. Un bel avenir pour les voitures électriques ?

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    JDF