Pneumologie

BPCO : l’effet des IEC sur le parenchyme pulmonaire reste à discuter

Les effets bénéfiques des inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine sur la progression de l'emphysème et le déclin de la fonction respiratoire sont probables mais les mécanismes physiopathologiques restent à définir précisément. D’après un entretien avec Maeva ZYSMAN.

  • 29 Jul 2021
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    Une étude rétrospective, dont les résultats sont parus en mai 2021, dans Chest, a cherché à évalue l’intérêt de inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine dans le déclin de la fonction respiratoire et l’emphysème des patients atteints de BPCO. Pour cela, les auteurs ont utilisé la cohorte « COPDGene », qui est une cohorte de plus de 10 000 patients suivis par scanners et bilans biologiques pendant plus de 5 ans. Pour cette étude, 2000 patients issus de cette cohorte ont été inclus. Tous ces sujets bénéficiaient d’un traitement par IEC pour une insuffisance cardiaque associée.

    Une cohorte de très grande qualité qui solidifie les résultats

    Le docteur Maeva ZYSMAN, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux, souligne la grande qualité de la cohorte utilisée pour ce travail. En effet, plus de 10 000 patients sont inclus dans cette cohorte, avec 2000 patients retenus pour cette étude, le suivi est prolongé et comporte scanners et bilans biologiques réguliers. Cette rigueur d’inclusion apporte une force considérable à ce travail. Mais, même si les patients bénéficient de scanners réguliers, Maeva ZYSMAN regrette le caractère rétrospectif de cette étude car la modification du déclin du parenchyme pulmonaire liée à la prise d’IEC reste une impression et, pour valider cette hypothèse, un travail prospectif serait l’étude par excellence.

    Une explication physiopathologique qui laisse sur sa faim

    Maeva ZYSMAN précise que, dans cette étude, les 2000 patients inclus sont tous atteints de BPCO et d’insuffisance cardiaque, et que c’est l’indication cardiovasculaire qui motive la prescription d’IEC chez ces patients. Elle relève également que la population étudiée est âgée et souffre de plus de comorbidités, puisque l’indication des IEC est cardiologique, ce qui crée un biais. Le mécanisme physiopathologique qui expliquerait la baisse du déclin de la fonction pulmonaire reste donc encore flou : les IEC modifieraient-ils les TGF béta ? Pour Maeva ZYSMAN, c’est une explication intéressante mais insuffisante. Elle rappelle que les auteurs ont n’ont relevé que peu de données sur les traitements reçus pour la BPCO chez ces patients. Maeva ZYSMAN fait référence aux travaux du même type réalisés avec les béta-bloquants. La même approche a été entrevue : leur prescription semble avantageuse, en rétrospectif, pour la pathologie cardiovasculaire, mais aucun intérêt n’a été montré pour la BPCO. Elle explique donc qu’il faut aller plus loin pour justifier l’utilisation des IEC dans l’optique d’un mécanisme physiopathologique efficace sur les poumons.

     En conclusion, les résultats de cette étude sont intéressants mais ne représentent qu’un premier pas vers la validation de l’efficacité des IEC sur le déclin de la fonction pulmonaire des patients atteints de BPCO. Des études prospectives seraient essentielles.

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    JDF