Pneumologie

Cancer bronchique : le retard de prise en charge aggrave le pronostic vital

Le retard de la prise en charge thérapeutique des patients atteints de cancer bronchique diminue significativement l’efficacité du traitement et la survie. Un phénomène probablement aggravé par la pandémie de COVID-19. D’après un entretien avec Didier DEBIEUVRE.

  • 01 Jul 2021
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    Une revue systématique et une méta-analyse, dont les résultats sont parus en mai 2021 dans le British Medical Journal, ont cherché à évaluer l’association entre le retard de prise en charge thérapeutique et l’évolution des cancers en situation curative. Dans ce travail, sept types de cancers ont été analysés, dont les cancers bronchiques. Tous ces cancers étaient localisés et devaient bénéficier d’une chirurgie et/ou chimio-radiothérapie à visée curative. Le retard thérapeutique a été défini comme le temps écoulé entre le diagnostic et le début du premier traitement, au-delà de 4 semaines, puis analysé par tranches de 4 semaines. Au total, une compilation de 34 études, avec plus d’1,2 millions de patients inclus a été réalisée.

    Des conséquences sur l’efficacité du traitement et la survie

    Le docteur Didier DEBIEUVRE, chef du service de pneumologie du Centre Hospitalier de Mulhouse, rappelle que le retard de prise en charge thérapeutique a des conséquences sur l’efficacité du traitement, le contrôle local de la maladie et la survie et qu’il est nécessaire de prendre la mesure de cet impact. Il précise, de plus, que la pandémie de COVID-19 a probablement eu un impact sur les délais de prise en charge et les protocoles thérapeutiques. Les résultats de cette méta-analyse ont montré une association significative entre le retard de la mise en route du traitement adjuvant et la survie des patients atteints de cancers bronchiques. L’impact sur le délai entre le diagnostic et la chirurgie, même s’il n’est pas significatif, existe réellement. L’impact sur le délai entre le diagnostic et la radiothérapie pour les patients non opérables est quant à lui significatif. Ainsi, pour Didier DEBIEUVRE, le retard de prise en charge et notamment dans la mise en route des traitements adjuvants est indiscutable. En théorie, il ne doit pas dépasser 8 semaines.

    De l’importance de réduire le délai de prise en charge

    Pour Didier DEBIEUVRE, cette étude montre l’importance de réduire le délai de prise en charge des cancers bronchiques. L’accès rapide à la consultation diagnostique doit mener à un accès tout aussi rapide à la filière de prise en charge des cancers thoraciques. En ce qui concerne la période particulière de la pandémie de COVID-19, l’impact semble vraisemblable mais difficile à évaluer. Moins de nouveaux de cancers bronchiques ont été observés en 2020 par rapport à 2019, et une remontée est observée en 2021, mais avec plus de patients métastatiques au moment de la découverte de la maladie, ce qui suggère un retard diagnostique non négligeable. Les traitements ont-ils été modifiés lors de la pandémie ? Les patients ont-ils eu peur de se rendre à l’hôpital ? Quoiqu’il en soit les chances de survie ont été réduites et, pour Didier DEBIEUVRE, il est indispensable de respecter les protocoles de traitements, leur durée et leur périodicité, même dans des conditions difficiles.

    En conclusion, une amélioration de l’accès du flux de patients à la filière et une restructuration de celle-ci sont indispensable pour réduire le délai de prise en charge des patients atteints de cancers, car chaque retard impacte défavorablement les chances des patients.

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    JDF