Pneumologie

Cannabis : un impact sur le cancer du poumon sous estimé

L’usage du cannabis semble avoir un impact sur la survenue du cancer du poumon et sur sa gravité, chez les patients de moins de 50 ans. Il est temps d’en parler et de s'occuper du problème ! D’après un entretien avec Pauline PRADERE.

  • 11 Mar 2021
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    Une étude française, dont les résultats sont parus en février 2021 dans l’European Respiratory Journal, a cherché à démontrer s’il existait un lien entre la consommation de cannabis et le cancer du poumon, chez les sujets de moins de 50 ans. Pour cela, 77 patients de moins de 50 ans, opérés de cancer bronchique primitif dans trois hôpitaux franciliens, entre 2018 et 2020, ont été inclus. L’ensemble des dossiers de ces patients a été analysé et les patients ont tous été rappelés. Au total, 71 patients ont répondu. Les familles et médecins traitants des 6 patients restants ont été contactés.

    L’impression clinique d’un lien étroit entre cannabis et cancer bronchique

    Le docteur Pauline PRADERE, pneumologue à l’Hôpital Marie Lannelongue (Plessis Robinson) et auteure de ce travail, explique avoir eu l’impression clinique que les patients jeunes, opérés de tumeurs pulmonaires, étaient fréquemment fumeurs de cannabis et avaient des tumeurs qui semblaient plus agressives et plus volumineuses au diagnostic. A l’heure du débat sur la dépénalisation du cannabis, les conséquences de cette drogue sur le poumon en général, et sur le cancer bronchique en particulier semblent largement sous-estimées. Pauline PRADERE souligne qu’il existe des méta-analyses sur le sujet, toutes rassurantes. Les données de la littérature médicale ne semblent pas correspondre à la réalité et le cannabis ne semble pas être sans danger pour le poumon.

    Des résultats préliminaires qui doivent amener à pousser des portes

    Pauline PRADERE rapporte que les résultats de cette étude montrent que 43% des patients inclus sont des fumeurs réguliers de cannabis, avec une médiane de consommation de 150 joints par mois. Dans 6 cas sur 10, la consommation de cannabis n’est pas mentionnée dans le dossier médical du patient, et n’a probablement pas été recherchée. Au cours de cette étude, les patients qui fument du cannabis et du tabac ont été comparés aux non fumeurs et aux patients qui ne fument que du tabac. Ces patients fumeurs de cannabis ont présenté plus d’emphysème, plus de tumeurs peu différenciées et à des stades plus évolués, avec moins de possibilité de  vidéochirurgie et  la nécessité fréquente de résection d’organes adjacents. De plus, la consommation de cannabis chez les sujets jeunes atteints de cancers est bien plus fréquente que celle de la population générale et ces patients ont bien souvent un recours plus tardif au système de soins.

    En conclusion, il est impératif de mieux comprendre l’impact de la consommation de cannabis sur les cancers pulmonaires des sujets jeunes et de remettre en question la non-dangerosité du cannabis. Son effet sur la carcinogénèse pulmonaire doit être évalué par des études de grande envergure. Il faut en parler davantage…

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    JDF