Pneumologie

Pollution et cancer du poumon : favoriser les mesures antipollution plutôt que le dépistage

Le dépistage par scanner du cancer du poumon en cas de pollution atmosphérique chronique est difficilement envisageable dans les pays les plus touchés mais des mesures anti-pollution drastiques doivent être prises car le risque devient plus important chez les non-fumeurs. D’après un entretien avec Christos CHOUAID.

  • 11 Mar 2021
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    Un éditorial, paru en janvier 2021 dans Chest, a évoqué l’intérêt du dépistage des cancers du poumon dans les endroits où la pollution atmosphérique est la plus importante, notamment dans les pays en voie de développement. L’exemple choisi par les auteurs de ce commentaire est la ville de New Delhi, en Inde, où il existe une relation très importante entre la pollution atmosphérique et le risque de cancer du poumon chez les sujets non-fumeurs.

    Un plus grand risque de cancer avec la pollution qu’avec la cigarette

       Le professeur Christos CHOUAID, pneumologue, spécialiste en oncologie thoracique et diplômé en santé publique, au Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil, souligne qu’il existe une relation très significative  entre la pollution et la survenue de cancers pulmonaires chez les sujets non-fumeurs. Il précise que des cohortes récentes ont montré que ces cancers devenaient majoritaires en terme d’incidence, par rapport aux cancers du fumeur. Ceci a été observé dans une métropole comme New-Delhi mais également dans certaines grandes villes de Chine. Il est donc urgent d’attirer l’attention des professionnels et des pouvoirs publics sur la montée de ce  phénomène. Christos CHOUAID relève que l’originalité de cet éditorial est la conversion du niveau de pollution atmosphérique en paquet-années. L’équivalence est la suivante : 21,6 microgrammes/m3 d’exposition aux particules fines PM2,5 correspond à la consommation d’une cigarette. Ce calcul de l’équivalence de l’exposition à la pollution en paquets-années montre que les habitants de New-Delhi ont une exposition quotidienne équivalente à 1 à 2 paquets par jour. Ainsi, les habitants n’ayant pas quitté la ville pendant un an, sans fumer, ont une exposition correspondant à 1 paquet-année de tabagisme.

    La mise en place d’un dépistage trop complexe

    Christos CHOUAID explique que ces données incitent  à mettre en place des programmes de dépistage du cancer du poumon chez les sujets non fumeurs très exposés à la pollution, mais le rapport coût-efficacité rend ces programmes extrêmement complexes, dans des pays où les ressources sont faibles. En effet les pays les plus touchés sont l’Afrique Sub-Saharienne, l’Asie, et notamment la Chine, ou encore certaines régions de la Russie.  De plus, les populations non-fumeuses ne se sentent pas toujours concernées par ces programmes de dépistage. Ainsi, plutôt que d’agir en bout de chaîne, Il est préférable d’agir en début de chaîne, en luttant contre la pollution. Christos CHOUAID suggère de regarder  avec intérêt la photographie, très éloquente, de l’Arc de Triomphe de New Delhi  qui devient invisible les jours où la pollution est importante.

    En conclusion, la pollution est un facteur de risque de cancer du poumon du sujet non-fumeur qui n’est pas assez pris en compte. Cet éditorial constitue une alerte qui doit provoquer une prise de conscience, de la part des professionnels et des pouvoirs publics, pour mener à bien leurs actions de lutte contre la pollution.

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    JDF