Pneumologie

Asthme léger : la baisse de l’utilisation des béta deux mimétiques de courte durée d’action fait polémique.

L’association entre l’utilisation des béta 2 mimétiques de courte durée d’action et l’augmentation du risque d’exacerbations n’est pas une relation de cause à effet et ne justifie pas une promotion de l’utilisation d’une association fixe formotérol-budésonide. D’après un entretien avec Mathieu Molimard.

  • 27 Fév 2020
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    Une étude suédoise, dont les résultats sont parus en janvier 2020, dans l’European Respiratory Journal, a cherché à montrer l’impact de la surconsommation des béta deux mimétiques de courte durée d’action chez les asthmatiques légers à modérés  sur le risque d’exacerbation et de décès. Il s’agit d’une étude de cohorte nationale ayant inclus plus 360 000 sujets, âgés de 12 à 45 ans, issus d’une banque de données. Leur utilisation de béta deux mimétiques en nombre de boîtes consommées a été évaluée, sur une durée de plus de 7 ans, ainsi que leur nombre d’exacerbations et leur mortalité.

    Rien ne permet d’affirmer l’association entre la consommation de beta2 mimétiques et le risque d’exacerbation

    Le professeur Mathieu Molimard, pneumologue et pharmacologiste au CHU de Bordeaux, explique que l’association entre la consommation de béta 2 mimétiques de courte durée d’action et le risque d’exacerbation n’est pas causale. En effet, plus un asthme est mal équilibré, plus il consomme de bêta 2 mimétiques et plus le risque d’exacerbation est important. Il rappelle également que sur la totalité des sujets qui consomment jusqu’à 11 flacons de béta 2 mimétiques de courte durée d’action par an, seulement 28% feront une exacerbation. Pour le professeur Molimard, il n’y a pas d’indication à passer à une association fixe chez les sujets asthmatiques stade 1, c’est-à-dire qui consomment des bêta 2 mimétiques moins d’une fois par semaine. Il insiste, également, sur le fait que ce profil de patient concerne 50% des asthmatiques.

    L’éducation thérapeutique est l’étape incontournable

    Mathieu Molimard souligne qu’il n’est pas possible de recommander un schéma de traitement sous prétexte que l’éducation thérapeutique n’est pas (ou mal) faite, d’autant que l’utilisation d’une association fixe formotérol-budésonide, à la demande, est susceptible de donner plus d’effets secondaires en vraie vie qu’un agoniste partiel, notamment sur le plan cardiaque et neuromusculaire. Il explique qu’il est nécessaire de travailler sur l’observance et sur l’utilisation des produits ainsi que de former les médecins et les patients qui présentent une gêne plus d’une fois par semaine.

    En conclusion, il existe une association entre le volume de béta deux mimétiques consommés et le risque d’exacerbation mais celle-ci n’est pas causale. Promouvoir l’éducation thérapeutique avant une association fixe en secours et remplacement des béta deux mimétiques de courte durée d’action est une étape nécessaire.

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    JDF