Pédiatrie

Méningocoque B : la vaccination systématique réduit les méningococcies sévères

La vaccination systématique des nourrissons contre le méningocoque B réduit les méningites et les septicémies à méningocoque B. Par contre, il n’a pas pu être démontré d'effet sur le portage chronique.

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  • 24 Jan 2020
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    Alors que l’actualité est régulièrement émaillée de cas de méningites à méningocoques foudroyante et fatale chez des enfants ou de jeunes adultes, se pose régulièrement la question de la vaccination de masse. C’est la solution qui a été choisie en Grande-Bretagne et 2 vastes études publiées dans le New England Journal of Medicine en évaluent les effets.

    Si la protection contre les infections sévères à Méningocoque de type B sont significativement réduites, il ne semble pas que la vaccination réduise le portage chronique ce qui conduit à penser qu’il n’y a pas de « herd effect », c’est-à-dire que la vaccination ne protège que les enfants vaccinés et pas les autres membres de la population.

    Réduction des méningites et des septicémies

    La première étude, dirigée par l'équipe anglaise de Ladhani et al, montre une réduction de 75 % des cas de méningococcies graves (septicémies et méningites) grâce à la vaccination systématique des nourrissons contre le méningocoque B (4CMenB).

    L'étude porte sur 650 000 nourrissons anglais pour lesquels le schéma vaccinal (2 doses + 1 rappel) a été appliqué. L'incidence observée des nouveaux cas d’infection sévère après la vaccination générale (63 cas) a été comparé à l'incidence attendue (253) sur la base de l'incidence au cours de la période de 4 ans précédant la vaccination systématique.

    Pas de modification du portage chronique

    Également publiée dans le New England Journal of Médecine, l'étude australienne de Marshall et al montre l'absence d'effet de ce même vaccin sur le portage nasopharyngé de l'ensemble des méningocoques causant la maladie (groupes A, B, C, W, X, ou Y) chez des adolescents de 15 à 18 ans. L'étude portant sur plus de 24 000 élèves dans 237 écoles montre l'absence de réduction significative de la proportion du portage chez les élèves vaccinés avec un schéma à 2 doses (2,55%) et le groupe témoin vacciné en fin d'étude (2,52%).

    L'étude montre également en analyse secondaire, l'absence de différence significative dans la prévalence du portage et l'acquisition de tous les N. meningitidis et des génogroupes individuels pathogènes entre les groupes vaccinés ou non.

    Valeur des données obtenues

    L'étude de Ladhani and Al est une étude de comparaison d'incidence dont le design est bien adapté à l'objectif. Sa vaste ampleur en majore également la qualité méthodologique et permet d’évaluer l’efficacité globale à 60%. L'absence de recul (seulement 2 ans) ne permet cependant pas de conclure sur l'efficacité vaccinale à moyen et long terme du vaccin.

    L'étude de Marshall and Al présente également une méthodologie de qualité cohérente avec l'objectif : randomisation en grappe, multicentrique et de grande ampleur. Le taux de portage du méningocoque est de manière inattendue très bas ce qui a sans doute réduit la puissance statistique pour détecter les différences de prévalence.

    Discuter la généralisation en France

    L'efficacité du vaccin contre le méningocoque B (4CMenB) dans un schéma à 2 doses plus un rappel chez le nourrisson semble bien réelle. Malgré un effet troupeau qui ne semble pas assuré, la généralisation de la vaccination devrait être discutée pour assurer une protection individuelle des enfants contre les méningoccies B, infections potentiellement mortelles.

    Actuellement en France, le vaccin n'est remboursé que pour les enfants à risque élevé d'infection invasive à méningocoque.

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    JDF