gastro-entérologie
L’industrie alimentaire impliquée dans l’augmentation des cancers du côlon
Alors que l'incidence des cancers du côlon,est en forte croissance chez les moins de 50 ans, les coupables dans The Lancet et Jama sont formellement identifiés, à savoir les aliments ultra-transformés. Les preuves réunies par les chercheurs sont confondantes.
- Christoph Burgstedt/iStock
Coup sur coup, des études reposant sur une méthodologie précise pointe l'industrie alimentaire comme un un acteur majeur dans la forte progression des cancers du colon. L’article (Ultraprocessed Food Consumption and Risk of Early-Onset Colorectal Cancer Precursors Among Women publié dans JAMA Oncology, (2025) analyse l’association entre la consommation d’aliments ultra-transformés (UPF en anglais) et le risque de développer des lésions colorectales précancéreuses chez des femmes jeunes. L’étude s’appuie sur la cohorte Nurses’ Health Study II, incluant plus de 29 000 participantes âgées de moins de 50 ans, recrutées dès 1989, sur la période de 1991 à 2015. suivies pendant 24 ans et ayant toutes bénéficié d’au moins une endoscopie basse. L’exposition aux UPF a été mesurée à intervalles réguliers par des questionnaires alimentaires détaillés, les produits étant classés selon la catégorisation NOVA. Les critères de jugement reposaient sur la détection endoscopique de polypes colorectaux, en particulier des adénomes conventionnels, reconnus comme les principaux précurseurs du cancer colorectal.
une augmentation de 45% du risque d'adénome.
L’analyse statistique, ajustée sur les facteurs de risque habituels tels que l’indice de masse corporelle, l’existence d’un diabète de type 2 ou l’apport en fibres, met en évidence une augmentation de 45 % du risque d’adénome pour les consommatrices les plus exposées aux UPF, comparées à celles dont la consommation est la plus faible. Cette association apparaît robuste, tandis qu’aucun lien significatif n’est observé pour les polypes de type festonnés. L’un des points forts de cette étude réside dans l’utilisation de données endoscopiques objectives, permettant un repérage précis des lésions précoces. Ce qui confère une solidité particulière aux résultats. Elle est toutefois limitée par le caractère observationnel de la cohorte, la nature auto-rapportée des données alimentaires et la diversité intrinsèque des produits classés dans la catégorie UPF.
Ces résultats s’inscrivent dans un cadre scientifique plus large, mis en perspective par la série récemment publiée dans The Lancet, consacrée aux aliments ultra-transformés et à leurs effets sur la santé humaine. Cette série, composée de plusieurs analyses conjointes, examine de manière exhaustive l’état actuel des connaissances sur les UPF et montre une convergence remarquable entre les données épidémiologiques et métaboliques. Elle met en évidence le fait que les régimes riches en UPF sont associés à une augmentation du risque d’un ensemble très large de pathologies chroniques, incluant l’obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète, différents cancers et une mortalité prématurée accrue. Le Lancet souligne les limites de ces études. Les définitions et classifications des UPF restent imparfaites et hétérogènes. La plupart des études disponibles, bien que cohérentes, demeurent observationnelles, rendant difficile la démonstration d’un lien causal ferme.
Pour autant, la mise en relation de l’étude du JAMA Oncology et de la série du Lancet permet pourtant de dégager une cohérence forte.
les aliments associés au lésions précancéreuses
L’étude JAMA apporte une pièce clé au puzzle. Elle fournit un élément clé à un stade plus précoce du processus tumoral, en montrant que ces aliments sont associés non seulement au cancer colorectal dans son ensemble, mais spécifiquement à ses lésions initiatrices
La série du Lancet, quant à elle, élargit la perspective et encadre ces résultats dans un phénomène mondial, en soulignant la cohérence des associations observées entre UPF, inflammation chronique, dysbiose, perturbations métaboliques et cancers.
La corrélation entre ces deux niveaux d’analyse – populationnel, mécanistique et lésionnel – renforce la plausibilité biologique du rôle des UPF dans l’augmentation observée des cancers colorectaux d’apparition précoce, particulièrement marquée depuis deux décennies. Ainsi, même si des études interventionnelles restent nécessaires pour établir un lien causal définitif, l’ensemble des données actuelles suggère que la réduction de la consommation d’aliments ultra-transformés constitue un levier pertinent et potentiellement puissant de prévention primaire du cancer colorectal, en particulier chez les adultes jeunes, dont l’incidence augmente de manière préoccupante.











