Santé publique
Hépatite B, l’arrêt de la vaccination obligatoire aux Etats-Unis.
Une digue a sauté. En dépit d’un front commun des sociétés savantes américaines opposées à la mesure, la vaccination contre l’hépatite B n’est plus obligatoire aux Etats-Unis chez les nouveau-nés.
- Gilnature
Il n’y avait en vérité guère de suspense. Le comité consultatif américain sur les pratiques vaccinales (ACIP) a modifié en profondeur la recommandation concernant l’administration du vaccin contre l’hépatite B à la naissance. Depuis 1991, les États-Unis préconisaient une vaccination systématique de tous les nouveau-nés dans les vingt-quatre heures suivant la naissance, stratégie qui avait permis de réduire de manière significative les infections pédiatriques au virus de l’hépatite B. Le vote du 5 décembre 2025 supprime désormais cette recommandation universelle pour les enfants nés de mères testées négatives pour l’antigène HBs. Pour ces nourrissons, l’administration du vaccin repose désormais sur une décision individuelle prise conjointement par les parents et le médecin. Lorsque la dose à la naissance n’est pas administrée, l’initiation de la vaccination ne doit pas débuter avant l’âge de deux mois.
Cette décision a provoqué de nombreuses réactions parmi les experts américains et internationaux. Plusieurs infectiologues, pédiatres et épidémiologistes ont exprimé leur inquiétude, considérant que l’abandon d’un schéma universel pourrait entraîner une diminution durable de la couverture vaccinale. Les spécialistes rappellent que le dépistage prénatal de l’hépatite B, bien qu’obligatoire, reste imparfait aux États-Unis, exposant certains nouveau-nés à un risque accru d’infection si la dose de naissance n’est pas systématiquement administrée. Des organisations professionnelles majeures, notamment l’American Academy of Pediatrics, ont maintenu leur recommandation en faveur de la vaccination néonatale universelle, estimant que cette stratégie demeure la plus sûre pour prévenir les infections infantiles, en particulier lorsque le statut maternel est inconnu.
fronde des experts
Les analyses publiées dans la presse scientifique soulignent que les données accumulées depuis trois décennies confirment la sécurité et l’efficacité du vaccin contre l’hépatite B administré à la naissance. Aucune nouvelle donnée ne semble justifier un changement aussi radical de politique vaccinale. Les conséquences de cette mesure sont bien le risque de résurgence des infections, une fragmentation des pratiques entre établissements et une aggravation des inégalités de santé, notamment dans les populations ayant un accès limité au suivi médical postnatal. Les revues de référence insistent également sur l’importance du moment de la naissance comme étape privilégiée pour garantir une couverture vaccinale optimale, compte tenu des difficultés ultérieures de rattrapage.
Une nouvelle étape est franchie par cette décision récente des autorités américaines. Elle marque une rupture importante avec la pratique internationale et le consensus scientifique. Et repose davantage sur une volonté de renforcer la liberté décisionnelle des parents que sur une évolution des preuves scientifiques disponibles.
impact en France
Quel sera l’impact en France de cette mesure ? Dans le calendrier vaccinal, les nouveau-nés sont vaccinés à l'âge de deux mois et non pas à la naissance. Pour autant, alors que les controverses sur la sécurité des vaccins anti Sars-2 ont été violentes dans l’Hexagone, la fin de l’obligation vaccinale contre l’hépatite B devrait être accueillie avec enthousiasme dans la sphère complotiste. Elle rappelle également l’importance du maintien d’une stratégie claire, cohérente et scientifiquement fondée pour préserver la confiance du public dans la vaccination.











