Cardiologie

VRS : un risque cardiovasculaire supérieur à celui de la Covid-19

Chez les adultes hospitalisés pour infection virale respiratoire, un événement cardiovasculaire aigu complique une hospitalisation pour VRS dans 1 cas sur 10. Comparée à la Covid-19 (avec ou sans vaccination), l’infection à VRS majore de 30 à 60 % le risque de dysrythmie, d’insuffisance cardiaque ou d’infarctus, rapprochant son profil de gravité de celui de la grippe saisonnière.

  • Caiaimage/Martin Barraud/istock
  • 25 Mai 2025
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    Les infections virales respiratoires augmentent transitoirement l’incidence d’infarctus et d’AVC. Si l’impact cardiovasculaire de la grippe est bien documenté, celui du virus respiratoire syncytial (VRS), dont la charge morbide est comparable chez les personnes âgées, restait méconnu. Avant l’introduction du vaccin VRS à Singapour, une étude transversale nationale (2017-2024) a inclus 32 960 hospitalisations pour VRS (n = 2148), grippe (n = 14 389) ou COVID-19 Omicron XBB/JN.1 (n = 16 423).

    Selon les résultats de l’analyse de cohorte, publiés dans JAMA Network Open, un événement cardiovasculaire aigu (dysrythmie, insuffisance cardiaque, syndrome coronaire aigu (SCA), AVC ou thrombose) est survenu chez 10,9 % des cas VRS. Après ajustement (âge, sexe, comorbidités), la probabilité d’au moins un événement cardiovasculaire était supérieure de 31% versus COVID-19 boosté (ORa 1,31 ; IC à 95 1,12-1,54) et de 58 % versus COVID-19 non boosté (ORa 1,58 ; IC à 95 1,24-2,01). L’excès portait surtout sur les dysrythmies (ORa 1,52) et l’insuffisance cardiaque aiguë (ORa 1,75).

    Un tropisme cardio-respiratoire spécifique du VRS ?

    Par rapport à la grippe, le VRS n’augmente pas globalement le risque d’événement cardiovasculaire. Toutefois, pendant la période post-pandémique 2023-2024, les hospitalisations “percées vaccinales grippales” présentaient moins d’insuffisances cardiaques aiguës que les hospitalisations VRS (ORa 2,09). Sur l’ensemble des infections virales respiratoires, la survenue d’un accident cardiovasculaire doublerait la probabilité de séjour en réanimation pour VRS (ORa 2,36 ; IC à 95 1,21-4,62).

    Les antécédents cardiaques pré-existants constituent le principal facteur prédictif d’événement aigu, alors que l’immunodépression ou la BPCO sont paradoxalement associées à un moindre risque, peut-être en lien avec une prise en charge précoce et une moindre sévérité initiale. Aucune différence significative de complications cérébro-vasculaires n’est observée entre VRS et COVID-19, suggérant un tropisme cardio-respiratoire spécifique du VRS.

    Une analyse de cohorte ajustée sur l’âge et les comorbidités cardiovasculaires

    L’étude exploite la base nationale de facturation hospitalière et les PCR de confirmation, couvrant l’ensemble des structures publiques et privées singapouriennes. Les analyses logistiques multivariées intègrent l’âge (moy. 66 ans), le sexe (52 % femmes), l’origine ethnique et les comorbidités cardiovasculaires. Les résultats demeurent robustes dans la sous-analyse limitée aux hospitalisations contemporaines PCR-positives. Les limites incluent l’absence de données thérapeutiques (antiviraux, corticoïdes) et le risque de sous-déclaration des événements mineurs.

    Selon les auteurs, les sujets ≥ 60 ans avec antécédent cardiaque devraient bénéficier en priorité de la vaccination anti-VRS, en complément des rappels grippe et Covid-19, afin de réduire le risque d’insuffisance cardiaque décompensée ou de dysrythmie. De plus, chez un patient hospitalisé pour VRS, la survenue d’un trouble du rythme ou d’un syndrome coronaire aigue doit alerter sur un risque doublé de passage en réanimation.

    Des études prospectives devront mesurer l’impact réel de la vaccination VRS sur la morbi-mortalité cardiaque, définir la fenêtre de vulnérabilité post-infection et élucider les mécanismes arythmogènes du VRS chez l’adulte. L’évaluation du coût-bénéfice d’une stratégie vaccinale combinée (VRS-grippe-COVID) dans les filières cardiologiques gériatriques constituera également un axe majeur pour orienter les politiques de santé publique.

     

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    JDF