Pneumologie

BPCO : efficacité du dupilumab pour le sous-groupe avec inflammation de type 2

Le dupilumab réduit les exacerbations et améliore la qualité de vie des BPCO avec une inflammation de type 2. Cette efficacité est toutefois démontrée sur une population très ciblée de patients dont les exacerbations sont prédominantes, ce qui constitue un sous-groupe modeste de patients. D’après un entretien avec Arnaud BOURDIN.

  • 27 Jul 2023
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    Une étude, dont les résultats sont parus en mai 2023, dans le New England Journal of Medicine, a évalué l’efficacité du dupilumab dans la prise ne charge des patients atteints de BPCO, avec inflammation de type 2. Il s’agit d’un essai de phase 3, randomisé, en double aveugle, traitement versus placebo. Les patients inclus étaient tous atteints de BPCO, avaient un nombre d’éosinophiles d’au moins 300/microl et un risque élevé d’exacerbation. Au total, 939 patients ont été inclus. Un groupe a reçu de 468 patients 300mg de dupilumab toutes les deux semaines et un autre groupe de 471 patients a reçu un placebo, par voie sous-cutanée. Le critère d’évaluation principal était le nombre d’exacerbations annuel, qu’elles soient modérées ou sévères. Les critères secondaires étaient la modification du VEMS, avant la prise des bronchodilatateurs, l’évaluation des symptômes respiratoires et le score du questionnaire de qualité de vie de Saint- Georges.

     

    Une étude attendue mais communication grand public exagérée

    Le professeur Arnaud BOURDIN, responsable du service de pneumologie générale du Centre Hospitalier Universitaire de Montpellier, explique que les résultats de cette étude étaient très attendus et que la presse grand public s’en est emparée, avec exagération en indiquant que le médicament traitant la 4ème cause de mortalité dans le monde avait été découvert ! Aranud BOURDIN précise, qu’en effet le dupilumab diminue de 30% les exacerbations de patients BPCO mais qu’à l’échelle individuelle, il y a peu de différence sur le score de perception des symptômes. Le questionnaire  Saint-Georges de qualité de vie des patients ne s’améliore pas avec le dupilumab. La fonction respiratoire n’est pas sensiblement différente et aucun bénéfice clinique n’est perçu par les patients. De plus, il souligne que la population incluse pour cet essai est très ciblée. Les critères étaient les suivants :  les patients n’ont pas d comorbidités majeures, ils ont eu une exacerbation moins d’un an avant et leur taux d’éosinophile dépasse 300/mm3. Au total, 60 à 70% des patients atteints de BPCO auraient pu être éligibles mais leur taux d’éosinophile n’est pas assez important. Pour Arnaud BOURDIN, il existe réellement des patients BPCO pour lesquels l’asthme n’est pas diagnostiqué mais qui sont « éosinophiliques » et exacerbateurs et pour lesquels il est cohérent de traiter par dupilumab.

     

     

    Une efficacité pour des sous-groupes de sous-groupes

    Arnaud BOURDIN explique que les patients atteints de BPCO et exacerbateurs fréquents représentent un tiers seulement de la population de patients BPCO. Il précise que l’on ne sait pas s’ils représentent des asthmatiques qui ont fumé. Ils représentent un petit sous-groupe de patients. Les résultats de cette étude ne permettent pas de montrer que l’on bloque le déclin accéléré de la fonction respiratoire avec le dupilumab, qui n’a pas d’action démontrée sur l’historie naturelle de la maladie. Toutefois Arnaud BOURDIN souligne que les études précédentes montraient une diminution de 10 à 18% des exacerbations et qu’en sélectionnant les patients de la manière dont cela é été fait pour cette étude, le résultat positif a été presque doublé puisqu’on observe 30% d’exacerbations en moins. D’autres études européennes viendront prochainement compléter ce travail, qui a été réalisé pendant la période d’épidémie de SARS-COV2 au cours de laquelle les mesures barrières limitaient le nombre d’exacerbations.

     

    En conclusion, le dupilumab a montré son efficacité sur la diminution du nombre d’exacerbations chez les sujets atteints de BPCO avec une inflammation de type 2 mais ce résultat ne peut pas être élargi à l’ensemble de la population BPCO. C’est encourageant mais d’autres travaux sont nécessaires….

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    JDF