Onco-Dermato
Mélanome métastatique : focus sur la séquence d’administration
Des données récentes suggèrent que l’association relatlimab-nivolumab induit une résistance au blocage du CTLA-4 en seconde ligne de traitement. Si l’effectif étudié est faible, l’impact sur la survie sans progression et la survie globale mérite que l’on s’interroge sur la séquence d’administration des traitements.
- unimode/iStock
Chez des patients atteints de mélanome métastatique, l'association du nivolumab et du relatlimab (un anticorps inhibant le gène d'activation des lymphocytes 3 [LAG-3]) a montré sa supériorité par rapport au nivolumab seul. Même si cette association est efficace, de nombreux patients devront bénéficier d’autres traitements lorsque la maladie progresse.
Dans une lettre à l’éditeur du New England Journal of Medicine, le Pr. Alexander Menziès suggère que les patients préalablement traités par l’association relatlimab – nivolumab seraient moins bons répondeurs au traitement ipilimumab-nivolumab, proposé en seconde ligne. Cette constatation interroge sur la place de l’association nivolumab-relatlimab dans la séquence d’administration ainsi que son impact sur les traitements proposés ultérieurement.
Une étude rétrospective multicentrique
Les auteurs ont collecté des données rétrospectives issues de cinq centres. Ils ont défini une cohorte de 36 patients, traités par nivolumab-relatlimab, qui ont progressé et qui ont bénéficié dans un second temps d’un anticorps anti-CTLA-4, soit en monothérapie (n=19 patients), soit en combinaison avec du nivolumab (n=17 patients).
La faiblesse de l’effectif a obligé les auteurs à pooler ces deux groupes. La réponse objective a été évaluée à l'aide des critères RECIST, version 1.1.
Survies sans progression & globale abaissées
Dans cette cohorte de patients traités par l’association nivolumab-relatlimab puis l’anti-CTLA-4, les auteurs se sont intéressés à la survie sans progression et à la survie globale. Après un suivi médian de 16,8 mois, la médiane de survie sans progression était de 2,6 mois. Par ailleurs, la survie sans progression à 1 an était de 8 %. De son côté, la survie globale médiane était de 9,6 mois et la survie globale à 1 an était de 46 %.
Pour comparaison, SWOG S1616 présentée lors de la réunion annuelle 2022 de l'AACR, traitant de l’association ipilimumab-nivolumab en seconde ligne rapportait une survie globale médiane de 21,7 mois (IC à 90 %, 15,4-32,4) avec l'association contre 25,7 mois (IC à 90 %, 8,1-NR) avec l'ipilimumab. De plus, les taux de survie globale à 12 mois étaient de 63 % (IC à 90 %, 52 %-72 %) et 57 % (IC à 90 %, 38 %-71 %), respectivement.
Vigilance sur la séquence d’administration
Même si le nombre de patients inclus dans l'étude est faible, ces premières données suggèrent que les tumeurs réfractaires à l’association anti PD-1 / anti LAG-3 sont peu susceptibles de répondre à une thérapie ciblant CTLA-4.
A l’heure ou l’arsenal thérapeutique du mélanome métastatique s’étoffe, le praticien se doit donc d’être vigilant sur la séquence d’administration des traitements.











