Pneumologie

Asthme : éosinophilie et neutrophilie, marqueurs de phénotype particulier

Maladie hétérogène, l’asthme a des profils différents en fonction des cellules inflammatoires impliquées, neutrophiles ou éosinophiles.

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  • 15 Novembre 2016
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    Selon qu’il soit neutrophilique ou éosinophilique, un asthme n’aura pas la même évolution, ni la même expression de symptômes. C’est ce que suggère une étude française publiée dans l’European Respiratory Journal qui a analysé les associations entre les taux de granulocytes circulants et le contrôle de l’asthme chez l’adulte.

    Les auteurs ont analysé les données de EGEA (1), l’étude épidémiologique française des facteurs génétiques et environnementaux de l'asthme qui a suivi des asthmatiques et leur famille pendant près de 20 ans. Les analyses ont concerné 474 malades atteints d’un asthme modéré à sévère. Les taux sanguins de granulocytes ont été mesurés à l’inclusion permettant de catégoriser les asthmes. Si les cellules éosinophiliques circulantes étaient supérieures à 250/mm3, ou si les neutrophiles étaient supérieurs à 5000/mm3, les asthmes étaient nommés respectivement éosinophiliques ou neutrophiliques. Les auteurs ont ensuite observé l’évolution de ces profils au cours des douze années suivantes en répétant les numérations sanguines, ainsi que celle des symptômes et du contrôle de la maladie.

    Neutrophilie

    Quatre profils ont ainsi été retrouvés : 50 % d’asthmes pauci-granulocytiques, 30 % d’éosinophiliques, 10 % de neutrophiliques purs et 9 % de profil mixte. La première découverte a été de constater une certaine stabilité de ces profils au cours des 12 années de suivi.

    Dans le groupe caractérisé par une augmentation des neutrophiles, la moyenne d’âge est plus importante, le sexe féminin est plus représenté, les corticoïdes inhalés sont davantage prescrits, les fumeurs sont en plus grande proportion, et les infections respiratoires sont plus fréquentes dans les quatre dernières semaines. L’étude longitudinale de ce groupe montre un plus mauvais contrôle de l’asthme et une plus forte fréquence d’exacerbations. Ces résultats sont encore plus flagrants chez les malades neutrophiles persistants, c’est-à-dire avec un niveau élevé de neutrophiles tout au long de l’enquête.

    Eosinophilie

    Dans le groupe des asthmes éosinophiliques, on observe une proportion plus élevée d’hyperréactivité bronchique, une fonction respiratoire plus faible, et un taux d’IgE sériques plus élevé. En revanche, le contrôle de l’asthme n’est pas plus mauvais.

    Cette étude permet donc l’identification de phénotypes particuliers d’asthme avec d’éventuels mécanismes biologiques sous-jacents différents, le caractère éosinophilique ou neutrophilique pouvant diriger l’expression des symptômes de la maladie. Ces marqueurs pourraient permettre à terme de personnaliser l’asthme d’un malade pour lui proposer une thérapeutique plus adaptée.

    D’après un entretien avec Rachel Nadif, épidémiologiste, Unité Inserm 1168, Villejuif

     (1) https://egeanet.vjf.inserm.fr/index.php/fr/

    Ecoutez...
    Rachel Nadif, Inserm, Villejuif : « Dans une étude prospective comme celle qui a été faite là, le fait d’avoir un asthme neutrophilique… »

    Nadif R, Siroux V, Boudier A, le Moual N, Just J, Gormand F, et al. Blood granulocyte patterns as predictors of asthma phenotypes in adults from the EGEA study. Eur Respir J. oct 2016;48(4):1040‑51. 

    Hambleton K, Pavord ID. What can we learn from blood granulocyte patterns in patients with asthma? Eur Respir J. 2016;48(4):976‑8.

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