Onco-Dermato
Mélanome métastatique : les antibiotiques n’affectent pas l’efficacité de l’immunothérapie
Plusieurs études observationnelles ont relevé un possible impact de l’utilisation d’antibiotiques sur l’efficacité des inhibiteurs de points de contrôle immunitaires. Une étude designée pour répondre à cette question ne rapporte pas de surrisque sur la survie globale ou l’arrêt précoce du traitement.
- Dmitrii_Guzhanin/iStock
Les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (ICI) sont incontournables dans le traitement des mélanomes et plus largement dans la prise en charge des tumeurs solides. Plusieurs études observationnelles ont signalé une diminution de la réponse aux ICI après l'utilisation d'antibiotiques du fait d’une dysbiose intestinale. Toutefois, les patients dont le pronostic est plus sombre sont aussi ceux qui sont les plus susceptibles de nécessiter des traitements antibiotiques, créant ainsi un biais.
Cette étude de cohorte publiée dans le Journal of the National Cancer Institute a utilisé la base de données de l'Assurance Maladie entre 2015 et 2017 pour étudier l’impact d’une antibiothérapie dans les trois mois précédent la mise en place d’une immunothérapie en première ligne sur la survie globale (OS) et le délai d'arrêt du traitement.
Pas de surrisque sur la survie globale et l’arrêt précoce de traitement
Cette étude utilisant la base de données de l'Assurance Maladie (SNDS, Système National des Données de Santé) a inclus 2 605 patients sous anti-PD-1. Parmi eux, 28,6% ont été exposés aux antibiotiques dans les 3 mois précédant le début du traitement.
Chez ces patients, on ne rapporte pas de raccourcissement de la survie globale (OS) (wHR=1,01, IC à 95 % = 0,88-1,17) ou d’arrêt précoce de traitement (wHR = 1,00, 95 % = 0,89-1,11). La cohorte contrôle faite de patients traités par thérapie ciblée rapporte des résultats similaires.
Des résultats confirmés sur 1 mois d’exposition
La méthode de pondération par chevauchement, basée sur un score de propension, permet d'équilibrer les facteurs de pronostic et les caractéristiques entre les groupes, évitant ainsi le biais des études observationnelles.
La survie globale et l’arrêt de traitement ne sont pas associés à l'administration d'antibiotiques y compris lorsque la période d'exposition aux antibiotiques est réduite à 1 mois avant l'administration de l'anticorps anti-PD-1 où lorsque l'exposition est limitée à des antibiotiques entraînant une dysbiose intestinale plus profonde.
Les antibiotiques ne doivent pas retarder l’immunothérapie
Contrairement aux résultats d’études observationnelles, cette grande cohorte montre que l'utilisation d'antibiotiques précédant l'administration d'un anticorps anti-PD-1 n'est pas associée à une diminution d’efficacité. Les médecins ne devraient donc pas retarder l'immunothérapie pour les patients qui ont récemment reçu des antibiotiques.











