Psychiatrie

Dépression du post-partum du père : le congé paternité en réduit le risque

Les pères qui peuvent bénéficier de deux semaines de congés paternité seraient moins à risque de développer une dépression du post-partum que ceux qui continuent à travailler.

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  • 04 Janvier 2023
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    La dépression du post-partum ne concerne pas seulement les femmes : plus de 10% des pères sont susceptibles de la développer au cours de l’année suivant la naissance de leur enfant d’après l’Inserm qui s’est intéressée à l’impact du congé paternité sur la santé mentale des nouveaux parents.

    D’après leurs travaux, à paraître dans The Lancet Public Health, prendre deux semaines de congé pour s’occuper de son nourrisson protégerait la santé mentale les nouveaux pères. En effet, les résultats montrent que ceux ayant pris ou projetant de prendre ce congé sont moins à risque de développer une dépression post-partum.

    Le congé paternité est bénéfique pour la santé mentale des pères

    La dépression post-partum survient généralement deux à huit semaines après l’accouchement, mais on l’observe jusqu’à un an après la naissance. "Elle se caractérise souvent par une anxiété intense. Voici quelques symptômes de la dépression du post-partum à surveiller : sentiment d’être dépassé(e), pleurs répétés, difficulté à créer des liens d’attachement avec son enfant et doutes sur sa capacité à prendre soin de soi et de son bébé”, indique l’Unicef.

    L'équipe de chercheuses et chercheurs de l’Inserm et de la Sorbonne-université à l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique a utilisé les données de plus de 10.000 couples hétérosexuels. Ces derniers ont indiqué si le père avait pris ou avait l’intention de prendre un congé paternité et ont répondu à un questionnaire permettant d’évaluer si elles ou ils souffraient de dépression, deux mois après la naissance.

    À 2 mois, plus de 64 % des pères avaient déjà pris un congé paternité, 17 % ont déclaré avoir l’intention d’en prendre un et près de 19 % n’en avaient pas pris et ne projetaient pas d’en prendre. 4,5 % des pères ayant pris un congé paternité et 4,8 % de ceux ayant l’intention de l’utiliser présentaient une dépression post-partum contre 5,7 % de ceux ne l’ayant pas utilisé”, indique l’Inserm dans un communiqué.

    Congé paternité : 2 semaines sont insuffisantes pour protéger les mères 

    Cette diminution du risque chez les pères ne semble en revanche pas avoir d’effet positif chez les mères. Une tendance légèrement inverse a même été observée : 16,1 % des mères dont le partenaire a utilisé le congé paternité présentaient une dépression post-partum contre 15,1 % de celles dont le partenaire avait l’intention d’utiliser le congé paternité, et 15,3% de celles dont le partenaire n’avait pas pris de congé paternité.

    "L’association négative observée chez les mères pourrait suggérer qu’une durée de 2 semaines de congé paternité n’est a contrario pas suffisante pour prévenir la dépression post-partum des mères”, a commenté Katharine Barry, doctorante Inserm à la Sorbonne-université et première autrice de ces travaux.

    La répartition inégale du temps alloué à la garde des enfants serait notamment en cause, d’après les scientifiques.

    Le congé paternité est plus long dans les pays scandinaves 

    En France, le congé paternité a été créé en 2002, puis allongé en 2021 de 11 à 25 jours consécutifs. Bien loin de ce qui peut se faire à l’étranger et notamment dans les pays scandinaves qui sont champions en la matière.

    En Suède, les parents se partagent 16 mois de congé parental indemnisés, dont 3 réservés exclusivement au père. En Norvège, ils sont obligés de poser au minimum 4 mois de congés paternité et la Finlande offre quant à elle 54 jours de congés paternité.

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