Diabétologie
Diabète de type 1 et SARS-CoV-2 : pas d’auto-immunité antipancréatique
Les liens entre l’infection par le SARS-CoV-2 chez l’enfant et le risque de diabète de type 1 dans les mois qui suivent font l’objet de nombreuses études, aux résultats contradictoires. Aucun stigmate d’auto-immunité prédiabétique n’a été retrouvé dans une étude menée sur deux cohortes d’enfants, aux Etats-Unis et en Allemagne.
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Le possible rôle de certains virus dans le déclenchement ou l’accélération d’une réaction auto-immune pré-existante conduisant à la destruction progressive des ilots pancréatiques, et in fine au diabète de type 1, a été souligné par des travaux bien antérieurs à la pandémie de Covid-19.
Et plusieurs études, notamment un travail publié en début d’année mené par les Centers for disease control aux Etats-Unis, ont rapporté une incidence accrue de diabète chez les enfants récemment infectés par le SARS-CoV2. Un lien qui, s’il était confirmé, aurait des implications importantes notamment en terme de santé publique.
Pendant la pandémie de Covid-19
L’hypothèse du déclenchement d’une réaction auto-immune par le SARS-Cov-2 a été testée durant la pandémie de Covid-19 sur deux cohortes d’enfants qui étaient déjà inclus dans des études évaluant la présence d’une auto-immunité dans des populations pédiatriques. L’une de 4717 enfants âgés de 1 à 18 ans participant à l’étude ASK (Autoimmunituy screening for kids) dans l’état du Colorado aux Etats-Unis. Et l’autre de 47 253 enfants âgés de 1 à 10,9 ans inclus dans l’étude Fr1da en Bavière.
Dans ce travail, une infection antérieure par le SARS-CoV2 était définie par la présence d’anticorps anti-spike et anti-nucléocapside. Le critère d’évaluation était considéré comme positif en présence d’un ou plusieurs types d’autoanticorps (anti-insuline, antiglutamate décarboxylase, antityrosine phosphatase IA2, anti-ZnT8), qui est associé à un risque de DT1 dans les 5 ans allant de 30% (autoanticorps unique) à 50% (autoanticorps multiples).
Pas de lien entre infection et autoanticorps
Ses résultats, publiés dans le JAMA, infirment l’hypothèse initiale, en ne mettant pas en évidence de lien entre la positivité à un ou plusieurs autoanticorps anti-ilots et une infection antérieure par le SARS-CoV-2 : odd ratio de 1,06 (IC à 95% 0,59-1,80, p = 0,83) pour la présence de multiples autoanticorps et odd ratio de 1,43 (IC à 95% 0,70-2,44, p = 0,36) pour la présence d’un seul type d’autoanticorps.
Une infection antérieure par le SARS-CoV-2 a été identifiée chez 32% des enfants de la cohorte du Colorado et 6,1% de la cohorte bavaroise. Des autoanticoprs anti-ilots multiples ont été détectés chez 0,45% des enfants de la cohorte américaine et 0,30% de ceux de la cohorte allemande. Les taux de positivité pour un seul autoanticorps étaient respectivement de 0,55% et 0,11%.
Un suivi à long terme (8,9 mois en moyenne et jusqu’à 2 ans), avec recherche des anticorps anti-ilots tous les 3 mois, a été réalisé chez 465 enfants de Bavière qui avaient été testés positifs pour le SARS-CoV-2. Aucun n’a développé ce type d’anticorps.
Cette étude ne plaide donc pas en faveur d’un rôle initiateur ou accélérateur du SARS-CoV-2 d’une autoimmunité prédiabétique. Les études se poursuivent à plus long terme.











