Infectiologie
Covid long : 4 facteurs biologiques précoces associés à son apparition
L’identification précoce de 4 facteurs biologiques ou immunologiques associés à une évolution vers un Covid long ouvre la porte à des stratégies de prévention.
- ClaudioVentrella/istock
Un suivi de plus de 200 personnes pendant deux à trois mois après leur diagnostic de Covid-19 rapporte avoir identifié des facteurs biologiques qui pourraient aider à prédire si une personne développera un Covid long.
L'étude, publiée dans la revue Cell, met en évidence quatre facteurs identifiables dès le début de l'infection par le SARS-CoV-2, qui semblent associés à un risque accru de souffrir de symptômes durables après la guérison, que l’infection ait été sévère ou modérée : la charge virale, certains auto-anticorps, une réactivation de l’EBV et un diabète de type 2. Si le rôle de ces facteurs est confirmé, cela ouvrirait la porte à des stratégie de prévention.
4 facteurs de risque précoces
Le Covid long, ou Post-Acute Sequelae of Covid-19 (PASC) serait associé à au moins un des quatre facteurs identifiés par l’étude qui sont : le niveau d'ARN du coronavirus dans le sang au début de l'infection (SARS-CoV-2 RNAémie, un indicateur de la charge virale), la présence de certains auto-anticorps (anti-IFN-α2, ANAs) (Ro/SS-A, La/SS-B, U1-snRNP, Jo-1, and P1), la réactivation du virus d'Epstein-Barr (virémie EBV) et le fait d'avoir un diabète de type 2. Pour ce dernier facteur, d'après des études portant sur un plus grand nombre de patients, il pourrait s'avérer que le diabète n'est qu'une des nombreuses affections médicales qui augmentent le risque de Covid long.
Etude prospective
Le groupe de patients étudié comprenait 309 personnes, âgées de 18 à 89 ans, qui ont été infectées par le coronavirus en 2020 ou au début de 2021 et ont été vues au Swedish Medical Center ou dans un établissement affilié. De nombreuses personnes ont été hospitalisées pour leur infection initiale, mais certaines n'ont été vues qu'en consultation externe. Les chercheurs ont analysé des prélèvements sanguins et nasaux au moment où les patients ont été diagnostiqués, pendant la phase aiguë de leur infection et deux à trois mois plus tard.
Ils ont interrogé les patients sur 20 symptômes associés au Covid long, notamment la fatigue, le « brain fog » et la dyspnée, et ils les ont corrélés avec les dossiers médicaux électroniques
Fréquence des symptômes du Covid long
Dans cette étude longitudinale multi-omique de 309 patients (209 dans l’étude exploratoire et 100 dans l’étude de confirmation), du diagnostic initial à la convalescence (2 à 3 mois plus tard), 37% d’entre eux ont signalé au moins trois symptômes de Covid long deux ou trois mois après l'infection. Par ailleurs, 24% ont signalé un ou deux symptômes et 39% n'ont signalé aucun symptôme.
Parmi les patients ayant signalé trois symptômes ou plus, 95% avaient un ou plusieurs des quatre facteurs biologiques identifiés dans l'étude au moment du diagnostic de Covid-19. Le facteur le plus influent serait la présence d’auto-anticorps, qui étaient associés à deux tiers des cas de Covid-19 longs.
Une possibilité de prévention ?
Selon les chercheurs, et certains experts, étant donné que les patients qui ont une charge virale élevée au début de la maladie développent souvent un Covid long, l'administration d'antiviraux spécifiques ou d’anticorps monoclonaux peu après le diagnostic pourrait permettre de prévenir les symptômes du Covid long chez ces derniers.
Dans l'ensemble, l'étude montre également que les quatre facteurs biologiques se chevauchaient, ce qui laisse penser qu'il pourrait y avoir des moyens relativement simples de prévenir l'apparition d'un Covid long. Cette étude souligne également l'importance d'effectuer des mesures au début de l'évolution de la maladie afin de déterminer comment traiter les patients.











