Diabétologie

Diabète de type 2 : de l’importance de la compliance thérapeutique

L'adhérence thérapeutique est un sujet d'étude récurrent dans les maladies chroniques comme le diabète. Difficile à évaluer, dans une étude comme en "vie réelle", les bénéfices ne sont pourtant plus à démontrer. Cette étude néerlandaise confirme l'intérêt avec une méthodologie innovante. 

  • Istock/Darwin Brandis
  • 20 Septembre 2021
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    L’adhérence thérapeutique est un facteur important chez les patients diabétiques de type 2, souvent traités en plus pour plusieurs comorbidités telles que l’hypertension ou la dyslipidémie. Cependant, cette adhérence et ses conséquences sont difficiles à évaluer en pratique.

    Une équipe néerlandaise a pu quantifier la compliance thérapeutique aux anti-diabétiques, anti-hypertenseurs, et statines, au sein d’une cohorte de 457 patients suivis en service spécialisé hospitalo-universitaire, à l’aide d’analyses par spectrométrie de masse. Comparés aux 90% compliants, les 10% des patients non-compliants présentaient plus de complications microangiopathiques (82 vs 66%, p-value 0,03) et macroangiopathiques (55 vs 37%, p-value 0,01).

    Une compliance thérapeutique associée à des bénéfices

    Sur les 457 patients, 408 ont été catégorisés compliants (89%), avec au moins un médicament non pris : 96 % pour les anti-diabétiques oraux, 92 % pour les anti-hypertenseurs, et 96 % pour les statines. Dans le groupe non-compliant, il y avait une plus grande proportion de patients fumeurs (29 vs 15 %, p-value 0,02), et une HbA1c et un LDL-cholestérol plus élevés : 7,9 vs 7,4 % (p-value < 0,01), et 0,9 vs 0,7 mmol/L (p-value 0,02) respectivement.

    On note également un nombre de médicaments prescrits plus important dans le groupe non compliant (médiane [interquartiles]) : 8 [7-9], contre 7 [5-8] dans le groupe compliant.

    Une compliance très minimale

    La mesure de l’adhérence était évaluée par analyse d’urines de 24 heures avec une spectrométrie de masse. Cette technique, très sensible et spécifique, ne détectera pas une molécule si elle n’a pas été ingérée pendant au moins 4 à 6 fois sa demi-vie avant le recueil d’urine, soit par exemple 24 à 48 heures pour la metformine ou l’atorvastatine. Le terme adhérent, dans cette étude, désigne donc une prise minimale d’un traitement, sans pouvoir certifier le nombre de comprimés réellement pris.

    De plus, réaliser un recueil d’urines pendant 24 heures, dans le cadre d’une étude médicale, peut influencer la prise du traitement, le patient ayant moins de risque de l’oublier sur cette période. Plutôt que 89 % de patients compliants, on devait donc plutôt conclure à 11 % de patients ne prenant pas du tout un de leur traitement.

    Des résultats difficiles à extrapoler sur la population générale

    Il est important de noter que les patients de cette étude proviennent d’une cohorte clinique hospitalo-universitaire, sélectionnant ainsi des profils particuliers (diabète plus sévère que la moyenne) et une motivation possiblement biaisée. Dans une population de patients diabétiques suivis en ville, une autre étude rapportait une adhérence de seulement 72 %, avec les mêmes méthodes de mesure et définition. Aucune étude n’a pu quantifier la compliance thérapeutique de manière rétrospective, par exemple par l’analyse capillaire.

    Malgré ces limites, il paraît naturel de rappeler l’importance de recherche une mauvaise adhérence thérapeutique avant de majorer le nombre de médicaments prescrits, en cas de LDL-cholestérol ou HbA1c non à l’objectif par exemple.

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