Rhumatologie

Spondylarthrite : l’effet structural des anti-TNF serait retardé de 2 ans

Dans la spondylarthrite axiale, les anti-TNF réduisent la progression des lésions radiographiques sur la colonne vertébrale et aux sacro-iliaques, mais leur effet prendrait au moins 2 ans pour être radiologiquement significatif.

  • Chinnapong/istock
  • 18 Juin 2021
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    Chez les malades souffrant de spondylarthrite axiale, la formation de syndesmophytes à la colonne vertébrale réduit à long terme la mobilité et peut aboutir à une ankylose vertébrale. La formation de cet os nouveau est théoriquement précédée d'une inflammation osseuse, inflammation qui induirait un tissu de granulation sous-chondral avec la formation secondaire d'un os nouveau.

    Selon les données de la German Spondyloarthritis Inception Cohort (GESPIC), présentées lors de l’Eular, le Congrès européen annuel de rhumatologie, il faudrait attendre de 2 à 4 ans après le début d’un traitement anti-TNF efficace avant que les radiographies n’objectivent un bénéfice structural au niveau de la colonne vertébrale ou des sacro-iliaques.

    Une cohorte prospective

    Les anti-TNF sont des traitements efficaces dans la spondylarthrite, capables de soulager les symptômes rachidiens des malades. Cependant les données disponibles ne permettent pas d’affirmer qu’ils puissent avoir un impact sur la progression radiographique.

    Afin d'étudier l'éventuel effet immédiat ou ultérieur des anti-TNF sur la progression radiologique à la colonne vertébrale, les chercheurs du GESPIC ont examiné des séries couplées de radiographies, prises à au moins 2 ans d'intervalle sur une période de 10 ans. Ces couples de radiographies ont été recueillis chez 266 malades, dont 77 avaient été traités par un anti-TNF pendant au moins 12 mois.

    Significatif au bout de 2 ans

    Au cours des 2 premières années, il n’y a pas été observé de changements significatifs dans la progression du score radiologique au rachis (mesurée à l'aide du score modifié Stoke Ankylosing Spondylitis Spine Score ou mSASSS) entre les patients ayant reçu ou non un traitement d'au moins 12 mois par un anti-TNF, une différence substantielle est observée après 2 ans, soit dans l’intervalle entre 2 et 4 ans.

    La variation du score mSASSS sur 2 ans chez les patients traités et non traités par un anti-TNF (pendant 12 mois ou plus) est respectivement de 0,35 et 0,81 (p = 0,047) si l’on prend en compte uniquement la période de traitement des 2 ans précédents, et de 0,33 et 0,77 (également p = 0,047) en tenant compte de la période de traitement des 2 ans précédents et de la période de traitement actuelle.

    Effet sur les sacro-iliaques

    La sous-analyse réalisée sur les sacro-iliaques a porté sur 301 patients ayant eu au moins deux séries de radiographies tous les 2 ans sur une période de suivi de 10 ans, dont 87 avaient été traités par au moins un anti-TNF au cours du suivi (28,9%).

    Il n'y a pas de différences significatives dans les scores de sacroiliite entre les personnes traitées et non traitées par des anti-TNF pendant au moins 12 mois au cours de la période de 2 ans en cours. Cependant, si l'on se compare à la période précédente de deux ans, on constate une différence significative dans les scores entre les personnes traitées et celles qui ne l'ont pas été (0,15 contre 0,27, respectivement ; p = 0,024).

    Un effet probablement plus important au stades précoces

    Ces données indiquent que les anti-TNF auraient un effet structural retardé et que si l'inflammation est bien contrôlée sur le long terme, il serait possible de réduire la progression des lésions structurelles.

    Selon les experts, les lésions structurelles à la colonne vertébrale et aux articulations sacro-iliaques dans la spondylarthrite axiale se produiraient via des processus différents. S'il s'agit plutôt d'une formation d’os nouveau à la colonne vertébrale, il s'agirait plutôt de lésions érosives premières suivies d'une réparation secondaire aux sacro-iliaques. Un effet sur l'inflammation et les érosions pourrait être observé plus tôt aux sacro-iliaques.

    Le traitement précoce d’une spondylarthrite à risque d'ankylose par un traitement anti-TNF efficace serait donc probablement plus efficace lorsque la maladie est peu évoluée, selon les experts. Seule une étude randomisée prospective sera à même de répondre à cette question essentielle pour le pronostic fonctionnel des formes sévères.

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