Médecine interne

Covid-19 et thromboses atypiques : l'ARN lié au vecteur viral serait en cause

La transcription de l'ARN de la protéine Spike du coronavirus portée par les vaccins à vecteur viral (adénovirus) pourrait conduire à des variantes de la protéine Spike solubles tronquées. Ce sont ces protéines alternatives qui, relarguées par la cellules, pourraient être à l'origine des cas de thrombose.

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  • 29 Mai 2021
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    Il aura suffi de 309 cas : les thromboses atypiques rares mais graves, dont ont été victimes de très rares personnes parmi les 33 millions vaccinées en Grande Bretagne avec les vaccins à vecteur viral d'AstraZeneca et de Janssen, ont semé un début de panique et sérieusement perturbé les campagnes de vaccination organisées dans le monde entier pour lutter contre l'épidémie de Covid-19. 

    Des thromboses veineuses sinusales cérébrales, extrêment rares dans des conditions de vie normales, ainsi que des thromboses des veines splanchniques, ont été observées comme un effet secondaire grave survenant 4 à 14 jours après les premières vaccinations. Ce type d'effet indésirable n'avait pas été observé dans les larges études pivot d'AstraZeneca, et a donc immédiatement entraîné l'arrêt des vaccinations dans plusieurs pays européens.

    Quel mécanisme ?

    Ces événements étaient principalement associés à une thrombopénie, et donc similaires à la célèbre thrombopénie induite par l'héparine (TIH). Les scientifiques ont donc proposé un mécanisme identique pour expliquer cette thrombopénie induite par le vaccin, mais cette hypothèse n'explique pas de façon satisfaisante les événements thromboemboliques tardifs.

    Dans la revue Research Square et à travers un article qui doit encore être validé par leurs pairs, des scientifiques allemands apportent leur explication à ces effets "indésirables" : la transcription de l'ARN de la protéine Spike du coronavirus portée par les vaccins à vecteur viral (adénovirus) dans les cellules transfectées pourrait conduire à des variantes de la protéine soluble Spike, tronquées au niveau du C-terminal.

    Ce sont ces variants solubles de Spike qui pourraient provoquer des effets secondaires graves lorsqu'ils se lient aux cellules endothéliales exprimant ACE2 dans les vaisseaux sanguins. Par analogie avec les événements thromboemboliques provoqués par la protéine Spike codée par le virus du SRAS-CoV-2, ils ont appelé le mécanisme pathologique : le syndrome de " mimétisme Covid-19 induit par le vaccin " (syndrome VIC19M).

    Un effet propre aux vaccins à adénovirus

    C'est la raison pour laquelle les graves réactions à la vaccination se sont produites uniquement avec les vaccins AstraZeneca et Janssen qui sont des vaccins à adénovirus. Les autres vaccins utilisés dans les campagnes de vaccination, ceux de Pfizer et de Moderna, fonctionnent à partir d'un autre processus : l'ARN messager induit la fabrication de la protéine Spike du virus dans la cellule est mieux transcrit.

    Voilà pour l'explication. Et les scientifiques allemands avancent aussi la solution. Ils suggèrent qu'une modification de la séquence de l'ARMm codant pour la protéine Spike afin de l'empêcher d'avoir une transcription alternative supprimerait le risque de thrombose.

    C'est une hypothèse qui, si elle demande à être validée et confirmée par d'autres scientifiques, fait au moins avancer le sujet puisque jusqu'à présent, en dehors de possibles erreurs commises au moment de l'injection qui auraient fait passer le vaccin directement dans les vaisseaux sanguins, rien, ne permettait d'expliquer les cas de thromboses dont 56 ont eu des conséquences fatales en Grande Bretagne.

    Les Français n'ont plus confiance

    Il faudra sans doute davantage de certitudes sur les véritables causes du problème avant que la confiance dans les deux vaccins à adénovirus concernés par des effets indésirables revienne dans le grand public. En France, alors que 100 000 primo-injections avec AstraZeneca avaient lieu chaque jour jusqu'à la mi-mars, on n'en compte plus actuellement qu'à peine 10 000.

    La conséquence étant notamment que 3 millions de doses de ce vaccin seraient actuellement stockées en France. Ce produit ne peut en effet plus être utilisé pour les moins de 55 ans alors que la campagne est pourtant aujourd'hui ouverte à tous les majeurs. Et les plus jeunes parmi ceux qui ont reçu une première injection avec un produit à adénovirus doivent, pour la deuxième dose, recevoir un vaccin à ARN messager.

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