Pédiatrie
Otite récidivante: la pose de yoyos n’est pas toujours la meilleure solution
Chez les enfants de moins de 3 ans souffrant d'otites moyennes aigues à répétition, la pose d’aérateurs trans-tympaniques ne réduit pas le nombre de nouveaux épisodes comparativement à une prise en charge médicale. De son côté, cette dernière n’accroit pas le risque de résistances bactériennes.
- KatarzynaBialasiewicz/istock
Deuxième maladie la plus fréquemment diagnostiquée chez les enfants aux Etats-Unis, juste derrière les rhinopharyngites, les otites moyennes aigues (OMA) sont la première cause de prescription d’antibiotiques dans la population pédiatrique. Et lorsque ces OMA deviennent récidivantes, avec plus de 3 épisodes en 6 mois ou plus de 4 en une année (dont au moins un au cours des 6 derniers mois), la pose d’aérateurs trans-tympaniques, ou yoyos, est proposée afin de réduire la consommation d’antibiotiques et de prévenir une baisse de l’audition.
Toutefois, les recommandations des ORL et des pédiatres américains sur la place des yoyos divergent, ce qui a conduit à mener une étude prospective randomisée comparant les yoyos et le traitement médical sur le risque de nouvelles OMA sur une cohorte de 250 enfants âgés de 6 à 35 mois. Ses résultats sont publiés dans le NEJM.
Un traitement médical bien codifié
Le traitement médical consistait en une antibiothérapie de 10 jours par l’association amoxicilline-acide clavulanique à la posologie de 90 mg/6,4 mg/kg/jour, ou en cas d’échec par la ceftriaxone, à raison d’une injection de 75 mg/kg en intramusculaire répétée à 48 heures. Tous étaient par ailleurs vaccinés par le vaccin pneumococcique conjugué.
Au terme d’un suivi de 2 ans, les auteurs n’ont rapporté aucune différence quant aux taux d’épisodes d’OMA : 1,48 dans le groupe yoyos et 1,56 dans le groupe traitement médical (p=0,66). L’analyse en intention de traiter a donné des résultats similaires : 1,47 vs 1,72.
Pas plus de résistances
Si l’on se penche sur les critères secondaires d’évaluation, le délai plus long au premier épisode est en faveur de l’intervention chirurgicale, tandis que le plus faible nombre de jours avec une otorrhée est en faveur du traitement médical.
Mais là encore aucune différence n’a été retrouvée sur la fréquence des épisodes d’OMA, le pourcentage d’infections considérées comme sévères ou la survenue de résistances bactériennes. L'effet sur le microbiote intestinal n’a pas été étudié.
Un choix éclairé
Ces données permettent aujourd’hui de donner une meilleure information aux parents, estime Ellen Wald, signataire de l’éditorial qui accompagne la publication. Ils peuvent être rassurés sur l’absence de surrisque de résistances bactériennes s’ils optent pour la poursuite d’une stratégie médicale, qui semble celle à privilégier chez les plus de deux ans, chez lesquels les épisodes aigus devraient a priori s’espacer.
Avant l’âge de deux ans, la pose de yoyos peut permettre de réduire la sévérité des nouvelles infections, au prix d’épisodes d’otorrhée occasionnels.











