Onco-dermatologie
Néoplasies intra-épithéliales du pénis : deux voies physiopathologiques sont parfois associées.
Il est d’usage de considérer que les néoplasies intra-épithéliales (NIE) indifférenciées du pénis sont HPV-induites alors que les NIE différenciées, non HPV-induites, surviennent sur une dermatose inflammatoire chronique sous-jacente (lichen scléreux principalement). Or la survenue d’une NIE HPV-induite sur lichen scléreux n’est pas exceptionnelle et pose des problèmes thérapeutiques spécifiques.
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Les NIE du pénis constituent des lésions pré-cancéreuses, précurseurs du carcinome épidermoïde du pénis. En histologie, on distingue les NIE non différenciées HPV-induites (dont il existe deux principales présentations cliniques, la maladie de Bowen d’une part et la papulose bowénoïde d’autre part) et les NIE différenciées non HPV-induites survenant sur une dermatose inflammatoire chronique sous-jacente, essentiellement le lichen scléreux.
Alors que le traitement chirurgical (posthectomie et décortication du gland notamment) se discute pour les deux types de NIE, seules les NIE HPV-induites peuvent relever d’un traitement topique anti-viral (imiquimod ou 5 fluoro-uracile), justifiant un diagnostic histologique précis.
Une cohorte rétrospective portant sur 345 cas de NIE du pénis
Cette étude confirme la plus grande prévalence des NIE non différenciées HPV-induites (84,3%) et le lien entre le lichen scléreux et les NIE différenciées, un lichen scléreux étant identifié cliniquement ou histologiquement dans 100% des NIE différenciées.
De façon plus inhabituelle, cette étude met en évidence le lien potentiel entre le lichen scléreux et les NIE HPV-induites puisque 32,2% de ces NIE étaient associées à un lichen scléreux.
Deux voies physiopathologiques non exclusives l’une de l’autre
Ces résultats remettent en question l’existence de deux voies physiopathologiques distinctes dans la survenue des lésions pré-cancéreuses (NIE) et cancéreuses (carcinome épidermoïde) du pénis, avec la possibilité d’un rôle concomitant d’un lichen scléreux sous-jacent et d’une infection à HPV.
Conséquences thérapeutiques
L’identification du caractère HPV-induit d’une NIE survenant sur un lichen scléreux du pénis a des conséquences thérapeutiques. En effet, le traitement dermocorticoïde du lichen scléreux pourrait potentialiser l’HPV et le traitement médical topique (imiquimod ou 5 fluorouracile) de la NIE HPV-induite pourrait aggraver la symptomatologie du lichen scléreux, plaidant pour un recours au traitement chirurgical de la NIE plutôt qu’au traitement médical conservateur.











