Neurologie
AVC : malgré une meilleure maîtrise du risque, un AIT reste prédictif
La survenue d’un accident ischémique transitoire reste associée à un risque accru d’accident vasculaire cérébral, notamment à court terme, même si l’on observe une réduction de ce risque avec les progrès de la prévention secondaire.
- sittithat tangwitthayaphum/istock
Deux études publiées ces dernières semaines, et ayant analysé les données prospectives des AVC sur plusieurs décennies, confirment le caractère prédictif d’un AIT sur la survenue d’un AVC.
L’une s’est fondée sur les données colligées de manière prospective auprès de 14 059 personnes suivies dans l’étude de Framingham, couvrant une très longue période, de 1948 à 2017. Sur cette cohorte, 435 AIT sont survenus, 229 chez des femmes à un âge moyen de 73,5 ans, et 206 chez des hommes, un peu plus jeunes (70 ans en moyenne), soit une incidence globale de 1,19/1000 sujets-années. Après un suivi médian de 8,86 ans après l’AIT, 3 personnes sur 10 ont fait un AVC.
Dans 40% des cas dans les 90 jours
Cet AVC est survenu dans 21,5% des cas dans les 7 jours suivant l’AIT, dans 30,9% des cas dans les 30 jours, dans 39,2% des cas dans les 90 jours et dans près de la moitié des cas (48,5%) plus d’un an après l’AIT. Le délai de survenue médian de l’AVC est donc de 1,64 ans.
Après appariement sur l’âge et le sexe, l’incidence cumulée des AVC à 10 ans est de 0,46 chez les personnes qui avaient eu un AIT, comparativement à 0,09 chez les 2175 sujets témoins issus de la même cohorte mais indemnes d’AIT (OR 4,37, IC 95 % 3,30-5,71, p < 0,001).
Une baisse du risque d’AVC des deux-tiers
L’évolution de la prise en charge des patients présentant un AIT au fil du temps, liée notamment aux progrès des mesures de prévention secondaires, a toutefois permis de réduire ce surrisque d’AVC après un AIT.
Si l’on prend par exemple le risque d’AIT à 90 jours, il est passé de 16,7% pour la période 1948-1985 à 11,1% au cours des années 1986 à 1999, pour atteindre 5,9% pour la période la plus récente, de 2000 à 2017. Soit une baisse de 68% entre la période la plus ancienne et la plus récente (OR 0,32, IC 95% 0,14-0,75,
Résultats convergents
Des données qui convergent avec celles issues d’une analyse systématique de la littérature publiée quelques semaines plutôt dans JAMA Neurology. En se basant sur 68 études ayant inclus 223 866 patients (dont 58% de femmes) pendant 5 décennies (1971 à 2019), les auteurs ont également retrouvé un surrisque d’AVC à court terme après la survenue d’un AIT, avec une incidence estimée à 2,4% dans les 2 jours, à 3,8% dans les 8 jours, à 4,1% dans les 30 jours et à 4,7 % dans les 90 jours.
Et là aussi, ils ont mis en évidence une tendance à la réduction de ce surrisque avec le temps. Le taux de récidive à 2 jours est ainsi passé de 3,4% chez les patients inclus dans les essais pour un AIT avant 1999, à 2,1% pour ceux inclus depuis cette date. Pour le risque d’AVC dans les 90 jours suivant l’AIT, l’incidence des AVC a été respectivement de 7,4% et 3,9%.
Ainsi, malgré leur meilleure reconnaissance et les progrès de la prévention secondaire, les AIT restent associés à un risque accru d’AVC dans les semaines et mois qui suivent, ce qui souligne l’importance d’un suivi étroit des patients.











