Infectiologie
Zika : anomalies neuro-développementales même sans microcéphalie
Chez les enfants ayant été exposés in utero au virus Zika, des anomalies du neurodéveloppement sont fréquemment retrouvées en l’absence même de microcéphalie congénitale.
- nechaev-kon/istock
Le syndrome associé à une infection congénitale à virus Zika regroupe un large éventail de manifestations congénitales, dont la microcéphalie (et les symptômes qui lui sont associés) constitue l’une des atteintes emblématiques.
L’étude publiée dans JAMA Network, qui s’est intéressée au devenir à plus long terme d’enfants exposés in utero à ce virus, transmis par les moustiques de type Aedes, souligne qu’une proportion importante d’entre eux a des anomalies neurodéveloppementales entre les âges de 6 mois et 3 ans et demi et ce même en l’absence de microcéphalie.
Anomalies chez 68 % des enfants avec un PC normal à la naissance
Cette étude a porté sur 219 enfants ayant été exposés in utero au virus Zika, qui ont bénéficié d’un suivi régulier, avec notamment une évaluation des acquisitions motrices avec l’échelle de Bailey. Plus de trois-quarts de ces enfants (75,8%) n’avaient pas de microcéphalie congénitale (MC).
Les malformations et anomalies du développement sont fréquentes, que les enfants aient présenté ou non une microcéphalie congénitale : retard de croissance (71,7% en cas de microcéphalie congénitale, 51% en l’absence de microcéphalie congénitale), malformations cardiaques (41,3% et 20 % respectivement), excès de peau au niveau de la nuque (72,7% et 37,6%), troubles auditifs (26% et 9,9%) et anomalies oculaires (79,2% et 17,7%).
Plus de deux-tiers (68,1%) des enfants indemnes de microcéphalie congénitale ont des troubles du neurodéveloppement, en particulier une hyper-réflexie (26,5%), des troubles du tonus (38,7%) ou neuromoteurs (41,9%), des troubles de l’alimentation (10,5%) ou encore des anomalies à l’imagerie cérébrale (41,9%).
Moindres scores cognitifs et de langage
Parmi les 112 enfants qui avaient un périmètre crânien (PC) normal à la naissance et qui ont eu une évaluation par l’échelle de Bailey, 64,3% ont des scores dans la moyenne ou au-dessus de la moyenne, 26,8% un score à moins 1 ds dans au moins un domaine et 8,9% un score à moins 1 ds dans au moins 2 domaines.
Les auteurs soulignent que même en l’absence de microcéphalie (dont la définition est finalement arbitraire), un PC plus petit à la naissance est associé de manière significative à des scores cognitifs et de langage ultérieurs moindres.
Cette étude confirme ainsi le large spectre de manifestations associées à l’exposition in utero au virus Zika et la nécessité de suivre de façon étroite et à long terme tous les enfants, avec ou sans microcéphalie.











