Rhumatologie
Polyarthrite rhumatoïde : le risque thromboembolique est doublé si l’activité est forte
Le risque de complication thrombotique est doublé au cours de la polyarthrite rhumatoïde, en particulier en cas de persistance d’une augmentation de l’activité. Les biothérapies seraient mieux à même de réduire ce risque.
- PORNCHAI SODA/istock
Les personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde et qui ont une activité élevée de la maladie sont plus souvent à risque de thrombose. Une étude suédoise montre que parmi les patients qui ont une forte activité de la maladie, un sur cent développera une complication thromboembolique veineuse dans l'année, soit une augmentation du risque plus que doublée par rapport aux patients en rémission.
Par ailleurs les données du registre allemand RABBIT, montrent que ce risque accru de thrombose pourrait être réduit avec un traitement biologique (bDMARD).
Ces données ont été présentés au congrès de la Ligue européenne contre le rhumatisme, l’EULAR 2020, cette année en virtuel, et soulignent la vigilance que le rhumatologue doit avoir vis-à-vis du risque de thromboses lors de la prise en charge d’une polyarthrite rhumatoïde. De plus, c’est une incitation supplémentaire à ajuster a mieux les traitements afin de maintenir un bon contrôle de l'activité de la maladie.
Registre suédois et doublement du risque
Une étude de cohorte suédoise s'est penchée sur la question de savoir si le degré d'activité de la maladie avait un impact sur le risque de thrombose. Viktor Molander, du Karolinska Institutet de Stockholm, a analysé les données de 46 311 patients souffrant de PR, tirées du Swedish Rheumatology Quality Register (SRQ) sur une période de 12 ans. Pour la mesure de l'activité de la maladie, le DAS28 a été utilisé.
L'étude montre un lien étroit entre l'activité clinique de la PR mesurée par le DAS28 et le risque de MTEV : « parmi les patients qui ont une forte activité de la maladie, un sur cent va développer une MTEV dans l'année qui suit, soit plus qu’un doublement du risque par rapport aux patients en rémission ». Avoir des rendez-vous de suivi réguliers avec un rhumatologue peut être considéré comme un inconvénient mais, c'est une mesure importante pour suivre l'évolution de la maladie et savoir si le traitement doit être adapté en conséquence.
Intérêt potentiel des biothérapies
La question de savoir si le risque de thrombose peut être réduit par l'utilisation de bDMARD, tels que les inhibiteurs du TNF, par rapport aux csDMARD, a été abordée dans une étude épidémiologique du Centre allemand de recherche sur le rhumatisme, à Berlin, en Allemagne. À cette fin, l'équipe a analysé les données de plus de 11 000 patients atteints de PR et figurant dans le registre allemand RABBIT, qui ont été traités soit avec un autre csDMARD après au moins un échec d’un premier csDMARD, soit dont le traitement a été remplacé par un bDMARD : avec l’initiation d’un inhibiteur du TNF, le risque de MTEV majeure est réduit de près de moitié par rapport aux csDMARD.
Selon les données de RABBIT, une augmentation de l'activité inflammatoire est également associée à une augmentation significative du risque de MTEV : le risque est environ deux fois plus élevé qu'une valeur de CRP d'au moins 5 mg/l. « Pour les malades qui ont un risque accru de thrombose, un traitement avec des inhibiteurs du TNF, et éventuellement d'autres médicaments biologiques, devrait être envisagé au lieu du traitement standard par csDMARD », selon le Pr Anja Strangfeld, responsable du registre RABBIT à Berlin et co-auteur de l'étude. « La réduction de l'activité inflammatoire est également un facteur important pour réduire le risque de MTEV ».
Rôle majeur de l’inflammation et de l'activité
En raison de l'inflammation chronique chez les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde, le risque de thrombose veineuse profonde et d'embolie pulmonaire potentiellement mortelle est deux à trois fois plus élevé. « Dans le cas de maladies auto-immunes telles que la polyarthrite rhumatoïde (PR), le système immunitaire se retourne contre l'organisme et provoque une inflammation à de nombreux endroits. L'inflammation peut avoir un effet perturbateur sur la coagulation », a expliqué le président de EULAR, le professeur Iain B. McInnes de l'Université de Glasgow, au Royaume-Uni.
« Chez les personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde, le risque de thrombose doit toujours être pris en compte ».
Molander V, Bower H, Askling J. Does the risk of venous thromboembolism vary with disease activity in rheumatoid arthritis? DOI: 10.1136/annrheumdis-2020-eular.3532.)
Schäfer M, Schneider M, Graessler A et al. TNF inhibitors are associated with a reduced ris k of venous thromboembolism compared to csDMARDs in RA patients DOI: 10.1136/annrheumdis-2020-eular.1505











