Diabétologie

Covid-19 et diabète : le déséquilibre glycémique serait un facteur de gravité

Parmi les diabétiques de type 2, ce sont ceux ayant un mauvais contrôle de leur diabète qui seraient à risque d’évolution plus sévère et de décès, selon une étude menée dans la province du Hubei.

  • Istock/celsopupo
  • 27 Mai 2020
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    Si les diabétiques de type 2 sont globalement à haut risque de présenter une forme sévère de la Covid-19, ce sont surtout ceux qui ont un diabète déséquilibré, marqué notamment par une grande variabilité glycémique, qui sont les plus exposés à une évolution péjorative (Hazard ratio ajusté de 0,14).

    L’étude rétrospective multicentrique, publiée par une équipe chinoise dans Cell Metabolism, porte sur 7337 patients, dont 952 avaient un diabète de type 2  (DT2), soit une prévalence de 13% (vs 10,9% pour l’ensemble de la Chine).

    Un tableau clinique et biologique plus sévère

     Ces patients étaient un peu plus âgés que les non diabétiques (62 ans en moyenne vs 53 ans) et avaient plus de comorbidités (HTA 53,4% vs 19,7%, maladie coronaire 13,7% vs 3,7%, antécédents cérébro-vasculaires 5,6% vs 1,5%, maladie rénale chronique 4,9% vs 1,3%). Le tableau clinique et biologique était plus sévère, avec notamment plus de dyspnée (20,5% vs 15,4%) et de fatigue (38% vs 31,4%).  

    Au total, les patients DT2 ont nécessité plus de traitements au cours de l’hospitalisation avec en particulier un plus grand recours à l’oxygénothérapie et à la ventilation non invasive ou invasive. Malgré une prise en charge plus agressive, le risque de lésions multi-organes et de décès à 28 jours est plus élevé chez les DT2 comparativement aux non-diabétiques (7,8% versus 2,7%; HR 1,49 après ajustement sur l’âge, le sexe et le lieu d’admission). 

    Risque dépendant du contrôle

    Toutefois, au sein des patients diabétiques, le risque diffère selon qu’ils étaient bien contrôlés (n = 282, dont 48,2% d’hommes, glycémie moyenne de 6,4 mmlol/L et HbA1c à 7,3%) ou non (n= 582, 56,4% d’hommes, glycémie moyenne de 10,9 mmol/l et HbA1c à 8,1%).

    Les DT2 bien contrôlés ont moins souvent des perturbations biologiques (lymphopénie, hyperleucocytose, CRP, D-dimères…) et une moindre baisse de la saturation en oxygène en dessous de 95%. Ils ont fait moins de complications sévères.

    L’impact de la variabilité glycémique

    Au total, la mortalité intra-hospitalière est nettement moins élevée chez les DT2 bien contrôlés que chez les mal contrôlés (1,1 % vs 11%). Après ajustement pour l’âge, le sexe, la sévérité de la COVID-19, les comorbidités et l’effet-taille, la mortalité toutes causes à 28 jours est moindre chez les sujets dont le diabète est bien contrôlé (HR 0,13 ; IC 95 0,04–0,44; p < 0.001).

    Le diabète a été reconnu dès le début de l’épidémie de COVID-19 comme un facteur de risque d’évolution sévère de la maladie. Mais le paramètre « diabète » recouvre des réalités très différentes. Comme le soulignent les auteurs de cette étude, le bon contrôle du diabète, permettant de limiter la variabilité glycémique entre 3,9 mmol/L et 10 mmol/L, est un facteur associé à un moindre risque de complications et de décès.   

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