Chirurgie orthopédique

Gonarthrose : le moment de la chirurgie prothétique est mal choisi chez la plupart des patients

Dans l’arthrose du genou, certaines personnes retardent la chirurgie prothétique et perdent de leurs capacités fonctionnelles, d'autres l'obtiennent trop tôt et en bénéficient moins

  • sittithat tangwitthayaphum/istock
  • 14 Janvier 2020
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    Le moment de la mise en place d’une prothèse totale du genou est crucial pour en optimiser les bénéfices. Pourtant, 90% des patients atteints d'arthrose du genou qui pourraient bénéficier d'une arthroplastie du genou attendent trop longtemps pour en bénéficier réellement, ce qui leur apporte moins d'avantages.

    De plus, près de 25% des patients qui n'en ont pas besoin tout de suite ont une mise en place de prothèse trop prématurée, alors que les avantages apportés sont minimes, selon une nouvelle étude de Northwestern Medicine publiée dans le Journal of Bone and Joint Surgery.

    Une étude prospective sur 8 ans

    L'étude a porté sur 8 002 participants qui souffraient d'une arthrose du genou et qui ont été suivis pendant une période pouvant aller jusqu'à huit ans dans le cadre de deux essais multicentriques divers, l'Osteoarthritis Initiative et la Multicenter Osteoarthritis.

    Les participants ont ensuite été classés en fonction de la mise en place de l'arthroplastie totale du genou en trois catégories : « opportune » (indiquant que le patient a eu une arthroplastie totale du genou dans les deux ans suivant le moment où l'intervention est devenue potentiellement appropriée), « potentiellement appropriée mais sans prothèse de genou » (indiquant que le genou n'a pas été remplacé pendant plus de deux ans après que l'intervention soit devenue potentiellement appropriée) et « prématurée » (indiquant que l'intervention était probablement inappropriée mais a été effectuée).

    Douleurs graves chez 42% des opération opportunes

    Parmi les 8 002 participants, 3 417 genoux répondaient aux critères d'inclusion et d'exclusion et ont été classés dans l'une des trois catégories d'utilisation suivantes : 290 genoux (8% du total et 9% des genoux pour lesquels le remplacement était potentiellement approprié) ont été classés comme étant « opportuns », 2 833 genoux (83% du total et 91% des genoux pour lesquels le remplacement était potentiellement approprié) ont été classés comme étant « potentiellement appropriés mais non remplacés », et 294 genoux (soit 9% du total et 26% des 1 114 remplacements totaux de genou effectués) ont été considérés comme étant « probablement inappropriés » mais ont subi un remplacement total de genou et ont été classés comme étant « prématurés ». Parmi les genoux qui étaient potentiellement appropriés mais qui n'ont pas été remplacés, 1 204 (42,5 %) avaient des symptômes graves.

    Des conséquences néfastes

    Dans cette étude, lorsque les gens attendent trop longtemps pour se faire opérer, l'arthrose entraîne une détérioration majeure de leurs capacités fonctionnelles qui fait que certains d'entre eux ne pourront pas renforcer correctement les muscles de leurs jambes en post-opératoire, ce qui affectera leur marche et leur mobilité. Le bénéfice sera donc moindre.

    Par ailleurs, lorsque l’on ne peut pas faire d'exercice, on peut développer d'autres problèmes de santé comme des problèmes cardiovasculaires ou un syndrome dépressif. L'impact général peut être énorme.

    A l’inverse, le fait d’avoir une arthroplastie du genou trop tôt aboutit à ce que les patients subissent une intervention chirurgicale majeure qui a un risque de complications alors qu'ils en retirent un bénéfice minime à ce stade. Ils peuvent aussi avoir besoin plus tard dans leur vie d’un remplacement de leur prothèse qui s’est usée, une chirurgie de remplacement de prothèse beaucoup plus difficile avec des résultats moins bons que la chirurgie initiale.

    Un algorithme décisionnel

    Comme l'arthroplastie du genou est une intervention non urgente, le choix du moment de l'opération dépend non seulement de facteurs cliniques, mais aussi de facteurs démographiques, socio-économiques et socioculturels. Le moment idéal de l'opération de remplacement du genou doit donc être basé sur un algorithme, quel qu’il soit, qui tient compte de la douleur, de la fonction articulaire, de l'évaluation radiographique et de l'âge pour déterminer si une personne bénéficiera de l'opération.

    Il s'agit de la première étude à examiner de façon prospective l'opportunité d'une arthroplastie du genou chez un grand nombre de patients souffrant d'arthrose du genou au stade avancé. Peu d'études antérieures avaient évalué l’importance du délai de la chirurgie prothétique, et seulement de façon rétrospective et sur des cohortes de patients moins nombreuses. Dans ces cas, il apparaissait que les douleurs d’arthrose pouvaient se transformer partiellement en douleurs neurogènes ne régressant pas complètement après la chirurgie.

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